Près de 91,6 % des recettes générées au cours de l'été par Filière 13 provenaient des cinémas situés à l'extérieur de l'île de Montréal.

Idem pour Piché, qui a recueilli 89,2 % de ses parts de marché en dehors de la métropole. Or, bien que les cinéphiles habitant en Gaspésie soient davantage friands de cinéma québécois que les Montréalais, les films d'ici pourraient bien perdre plusieurs lieux de projection en région si les petites salles ne reçoivent pas d'aide pour se convertir au numérique.

Environ 25 % des cinémas situés en dehors de la métropole et de la Vieille Capitale sont menacés de fermeture s'ils ne reçoivent pas un coup de pouce de la part du gouvernement leur permettant d'emprunter le virage numérique, a prédit le président de l'Association des propriétaires de cinémas et de cinéparcs du Québec, Marcel Venne, interrogé par La Presse à propos de l'engouement pour le septième art québécois en dehors des grands centres.

Avec l'avènement des films en 3D et de toutes les technologies numériques, les cinémas québécois doivent se procurer de nouveaux équipements s'ils veulent répondre à la demande de la clientèle. Mais pour convertir une seule salle, il en coûte en moyenne 100 000$. En région, les propriétaires de plusieurs petits lieux de projection n'ont pas les reins assez solides pour débourser pareille somme.

Ironie du sort, ce sont sur ces écrans que des films comme De père en flic, Piché ou encore Dédé à travers les brumes ont connu le plus de succès. La preuve: en 2009, 70% des spectateurs qui ont assisté à des films québécois habitaient en région, ont révélé les données publiées la semaine dernière par l'Observatoire de la culture et des communications du Québec (OCCQ) et de l'Institut de la statistique du Québec.

Pendant que les tapis rouges et les premières de films ont lieu à Montréal, c'est en région que les salles s'emplissent le plus, tient à souligner Marcel Venne, lui-même propriétaire de quatre salles à Joliette, Sorel-Tracy et Drummondville.

À la lumière de ces chiffres, la sauvegarde des cinémas en région est primordiale, estime-t-il. «Pour protéger ça, il faut que les gens se convertissent au numérique et qu'ils reçoivent de l'aide (gouvernementale). On a averti le gouvernement de l'urgence de la situation.Quand le cinéma parlant est arrivé dans les années 20, aux États-Unis, on a perdu 40 % des salles de cinéma», illustre-t-il.

Des garanties de prêts, des prêts escomptés ou encore la mise sur pied d'un programme gouvernemental d'aide financière sont autant de pistes de solutions que propose l'Association des propriétaires de cinémas et de cinéparcs du Québec.

À Québec, la ministre de la Culture, Christine St-Pierre, refuse de se prononcer sur la question pour le moment puisqu'elle a demandé à la Société de développement des entreprises culturelles (SODEC) d'étudier le dossier du numérique dans tout le secteur culturel. Mme St-Pierre préfère donc attendre les recommandations de la SODEC avant de faire des commentaires, a-t-on fait savoir à son bureau.