La saga Saw, dont la violence débridée a fortement marqué les films d'horreur des années 2000, s'achève avec Saw 3D, un «grand finale» fidèle aux scènes de torture qui ont fait le succès de la série et que les scénaristes affirment puiser dans... l'Inquisition espagnole.

Le septième et dernier Saw, sorti cette semaine en Amérique du Nord, met un point final à la série de films d'horreur la plus rentable de l'histoire du cinéma, avec des recettes cumulées mondiales de près de 750 millions $.

Patrick Melton et Marcus Dunstan ont signé tous les scénarios de la saga depuis Saw 4 (2007), déclinant la recette qui a fait son succès: forte unité de lieu, coup de théâtre final, et les fameux pièges mortels élaborés par le psychopathe Jigsaw (Tobin Bell) et ses sbires pour assassiner leurs victimes.

«Nous étions fans des trois premiers films», déclare à l'AFP Marcus Dunstan. «Comme tout le monde, nous aimions le côté mystérieux du film, et le coup de théâtre final, que nous avons essayé de reproduire dans chaque film», dit-il.

«Avec Saw 3D nous avons voulu donner à la série un grand finale, refermer l'histoire de Jigsaw et de sa vie. Le film donne vraiment un sentiment d'achèvement», explique Patrick Melton.

La cohérence narrative des sept Saw, peu commune pour une série de films d'horreur - les Scream de Wes Craven exceptés - est en partie due à un mode de production original, plus proche de la série télévisée que du cinéma, avec un rythme de production très rapide - un film par an.

«Les scénarios sont le résultat d'une collaboration permanente entre nous, le réalisateur, les producteurs et le studio», explique M. Melton. «C'est nécessaire car la production est tellement rapide qu'on ne peut pas perdre de temps», ajoute-t-il.

Les pièges de Jigsaw - qui font l'objet de sites dédiés de fans sur internet avec «qualités» comparées et classements en tous genres - sont eux aussi soumis à l'approbation de la production, notamment pour des raisons de faisabilité. Mais l'idée originale vient toujours des scénaristes. Ou presque.

«Nous avons plusieurs sources d'inspiration, notamment l'Inquisition espagnole. Ces époques troublées donnent beaucoup d'idées, et les instruments de torture de l'Inquisition sont une source inépuisable», assure M. Dunstan.

«Nous nous promenons aussi dans les allées de Home Depot (grande surface américaine spécalisée dans le bricolage) pour voir les outils. Et on se demande «Qu'est-ce que ça ferait si je te plantais ça dans la tête?»», sourit-il.

La série a donné naissance au genre du film d'horreur «de torture» et a suscité moult polémiques, ses détracteurs l'accusant de faire l'apologie de la violence à travers une représentation complaisante de la souffrance.

En France, Saw 3 (2006) avait été interdit aux moins de 18 ans, une première pour un film non pornographique, en raison de scènes à «la violence et au sadisme incessants et insoutenables», selon le gouvernement de l'époque.

Les scénaristes reconnaissent tout juste «un tournant dans les films d'horreur dans les années 2000». Mais pour M. Melton, «le public avait surtout envie de nouveauté et le premier Saw est arrivé au bon moment».

Loin de les assagir, la 3D leur a permis de donner une nouvelle dimension aux pièges, grâce à la sensation «d'immersion et de profondeur» offerte par le procédé.

«La 3D est un défi car elle peut donner un côté comique. Et si vous avez vu Saw, vous savez qu'il n'y a rien de drôle dans le film! Mais nous avions travaillé sur My Bloody Valentine 3D et Piranha 3D et nous étions conscients des défis à relever», assure M. Dunstan.