Le fait que les films québécois n'aient pris que 8,8 % des parts de marché au box-office en 2010 ne doit pas être analysé en vase clos, mais dans un contexte beaucoup plus large. Un contexte qui indique plutôt que le cinéma d'ici vient de connaître une «décennie de résultats remarquables», estime le président et chef de la direction de la SODEC, François Macerola.

Dans une lettre envoyée à La Presse, M. Macerola voulait ainsi répondre à certains membres des médias qui ont fait part de leur déception à l'égard de ces chiffres et qui ont qualifié la dernière année de médiocre.

Le cinéma, dit-il d'entrée de jeu, est une «industrie de prototype» et une «industrie à haut risque» qui subit d'une année à l'autre des variations importantes.

Vrai, dit-il, cette part de marché de 8,8 % est inférieure à celle de 2009. Mais, inscrite dans une plus longue durée, elle est bien plus élevée que ce qu'on a connu par le passé. «Entre 2006 et 2010, le cinéma québécois a accaparé 10,3 % des recettes aux guichets contre 11,7 % entre 2001 et 2005, souligne M. Macerola, pour une moyenne de 11 % sur l'ensemble de la décennie.»

Or, dans les années 90, cette part de marché tournait plutôt autour des 4 %. Conclusion du président de la SODEC: le cinéma québécois vient de connaître «une performance pluriannuelle moyenne remarquable».

Plusieurs éléments peuvent expliquer la variation des parts de marché. Pour l'année 2010, il faut ainsi considérer la montée fulgurante du cinéma 3D. Les 27 films en 3D présentés au Québec au cours de l'année ont accaparé près de 30 % des recettes, dit le président de la SODEC. Or, comme la plupart de ces films viennent d'Hollywood et que le prix des entrées est plus élevé que pour une production 2D, les parts de marché du cinéma américain ont grimpé de 75 à 83 %, fait-il remarquer.

Aucun film québécois en 3D n'était à l'affiche en 2010. Mais les choses sont appelées à changer, poursuit M. Macerola. Certains films 3D d'ici sont en création ou en production, fait-il observer.

Quand on se compare...

Enfin, l'interprétation des chiffres est toujours une affaire délicate, expose le président de la SODEC en proposant... d'autres chiffres.

Il prend l'exemple de l'année 2009 où le Québec a produit 30 longs métrages qui ont pris 12,2 % des parts de marché. Or, la même année, la Grande-Bretagne a produit 76 longs métrages (qui ont récolté 17,4 % des parts de marché là-bas) et la France, 182 (36,8 % des parts dans l'Hexagone). Si les parts de marché du cinéma national sont plus élevées ailleurs, les parts moyennes par film national atteignent 0,41 % pour les films québécois par rapport à 0,23 % chez les Britanniques et 0,2 % pour les films français.

«La réalité, dit M. Macerola, c'est que, compte tenu de son faible volume annuel de production, la performance du cinéma québécois en salle a été constamment exceptionnelle tout au long de la décennie 2000, au point que le moindre fléchissement annuel est qualifié de résultat médiocre, alors qu'une performance comparable serait enviée tant par les Français que par les Britanniques.»