L'hôpital était «immense, froid et sombre», digne de l'univers de Charles Dickens. Le chaos régnait aux urgences. Les médecins, eux, ne semblaient guère avoir plus de 18 ans.

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L'acteur américain Liam Neeson a vécu une expérience cauchemardesque à l'hôpital du Sacré-Coeur de Montréal, si l'on se fie à l'entrevue qu'il a accordée ce mois-ci au magazine américain Esquire.

Pour la première fois, Neeson a abordé publiquement les circonstances de la mort de sa femme, l'actrice Natasha Richardson, victime d'un accident de ski en mars 2009 à la station Mont-Tremblant, dans les Laurentides.

La vedette de La liste de Schindler était en tournage à Toronto lorsqu'elle a appris que sa femme avait été conduite d'urgence à l'hôpital. L'acteur est aussitôt parti pour Montréal.

Liam Neeson, qui était venu «peut-être deux fois» à Montréal, s'attendait à découvrir une «petite ville confortable» et un «joli petit hôpital». «Mais c'était une place énorme, froide et sombre. Un endroit dickensien», a-t-il dit au journaliste d'Esquire.

L'acteur est arrivé aux urgences, où il y avait «70, 80 personnes, des bras cassés, des yeux tuméfiés, tout ça». À son grand désespoir, personne ne l'a reconnu. «Ni les infirmières ni les patients. Personne.»

Comme le personnel refusait de le laisser voir sa femme, il a sorti son téléphone cellulaire, mais un gardien de sécurité lui a rappelé qu'il ne pouvait l'utiliser.

Liam Neeson est sorti de l'hôpital. À l'extérieur, il a alors croisé deux infirmières qui prenaient une pause cigarette. L'une d'elles l'a reconnu et lui a expliqué comment rejoindre sa femme en passant par une porte secondaire de l'hôpital.

«Je suis arrivé juste à temps. Et tous ces jeunes médecins, qui avaient l'air d'avoir 18 ans, m'ont annoncé le pire, a-t-il poursuivi. Le pire.»

Natasha Richardson a été transférée dans un hôpital new-yorkais, où elle est morte d'une embolie cérébrale. Les médecins américains ont dit qu'elle aurait pu survivre si elle avait reçu un traitement immédiat. L'actrice, qui ne portait pas de casque, a d'abord refusé de se faire examiner.

Liam Neeson a affronté son deuil en travaillant. «Je pense que j'ai survécu en fuyant, a-t-il dit. En me réfugiant dans le travail.»

Près de deux ans plus tard, la douleur reste vive lorsqu'il pense à la mère de ses deux fils. «Je fais une promenade, je me sens bien. Et soudainement, boum! Ça me frappe en pleine poitrine.»

L'hôpital du Sacré-Coeur n'a pas souhaité réagir aux propos de Liam Neeson. «C'est difficile de commenter quelque chose de très émotif pour lui», a dit la conseillère au service des communications de l'hôpital, Véronique Simard.