À quelques jours de la cérémonie des Oscars, le cinéaste québécois Denis Villeneuve profite de son séjour à Los Angeles pour faire une «cure de sommeil».

Car après six mois passés à voyager un peu partout sur la planète avec son long métrage Incendies, le réalisateur a toutes les raisons au monde d’être épuisé.

«C’était étourdissant, parce que j’étais toujours en train de dormir dans un Boeing ou en train de faire des entrevues. Ça a été une période intense et épuisante. Gratifiante, mais physiquement épuisante.»

Le fait de se trouver à des milliers de kilomètres de la maison ne lui déplaît pas non plus.
En fait, pour tout dire, le réalisateur était un peu dépassé par l’engouement des Québécois, qui suivent le parcours de son film avec autant d’ardeur que s’ils suivaient une certaine équipe de hockey locale lors des séries éliminatoires.

«Quand je suis arrivé à Los Angeles, ça m’a fait du bien parce qu’au Québec, c’est assez intense présentement! Les gens sont gentils, je sens beaucoup de support, et j’espère sincèrement que je vais pouvoir lever le bras dans les airs avec un Oscar dimanche soir», a-t-il affirmé à La Presse Canadienne en entrevue téléphonique, mardi.

La pression que ressentait Denis Villeneuve est tombée le week-end dernier, lorsqu’il a lu l’article du critique Marc Cassivi, qui prédisait une défaite pour Incendies.

«Ce texte m’a fait beaucoup de bien, parce qu’il m’a enlevé de la pression. Il mettait les choses en perspective, à savoir qu’il peut se passer n’importe quoi.»

Du côté de la presse américaine, on parle d’une course à trois, relate Denis Villeneuve. Selon les critiques des États-Unis, le tout pourrait bien se jouer entre son long métrage, celui du Mexicain Alejandro Gonzalez Inarritu, Biutiful, et celui de la Danoise Susanne Bier, In a Better World, qui a raflé le Golden Globe il y a quelques semaines.

Il estime que le fait que les juges aient pu visionner son film sur grand écran - et non sur DVD - pourrait bien jouer en sa faveur.

«C’est certain que ça m’avantage que les gens l’aient vu sur grand écran. Je fais du cinéma pour grand écran et non pour la télévision. Ce n’est pas péjoratif du tout, mais quand je fais une image, je l’imagine sur un écran de 60 pieds. Et le rythme du film se propose pour le grand écran.»

Et même s’il affirme s’attaquer à des gens «plus forts que lui», le cinéaste caresse le rêve de brandir la statuette dorée du haut des bras, dimanche soir prochain.

Denis Villeneuve est bien connu pour son perfectionnisme, mais est-il compétitif?

«La vérité... oui, laisse-t-il tomber. Je n’en suis pas fier, c’est arrogant et adolescent, mais je suis très compétitif. Je le ne suis pas négativement et maladivement, c’est plutôt comme un plaisir.

«Si je perds dimanche soir, par contre, je ne serai pas détruit et je vais être content pour le gagnant. Je suis compétitif, mais je suis capable de reconnaître le talent des autres.»

Et quoi qu’il arrive, son objectif est d’être serein le lendemain matin.

«C’est la pensée qui m’habite aujourd’hui. Que je gagne ou pas, dimanche soir, ce qui est encore beaucoup plus important, c’est que mon prochain film soit encore meilleur qu’Incendies

Le réalisateur ne prévoit donc pas non plus prendre de pause une fois que l’aventure d’Incendies aura pris fin.

«Un moment donné, il faudra que je »tire sur la plogue« et que je recommence à faire du cinéma. Ce qui est bête dans ça, c’est que pendant qu’on fait toute cette promotion-là, je ne touche pas de salaire! Je ne me lamente pas, mais il faudra que je me remette à travailler, et assez vite!», a-t-il lancé en riant.

La cérémonie des Oscars aura lieu dimanche soir.