Incendies cumule les honneurs et sera cité dimanche dans la catégorie du meilleur film étranger aux Oscars. Mais il y eut un temps où même les producteurs du film en devenir y pensaient deux fois avant de s’impliquer dans le projet.

Les coproducteurs Luc Déry et Kim McCraw avaient des sentiments partagés à l’endroit du projet présenté par le réalisateur Denis Villeneuve.

Denis Villeneuve a d’abord abordé le sujet avec Luc Déry en 2004. Les deux hommes s’étaient croisés peu après que le cinéaste eut été ébahi par la pièce de théâtre de Wajdi Mouawad, dont le film est inspiré.

«Il a seulement dit: "J’ai vu cette pièce, il y a quelques jours, et je crois que cela fera un film incroyable"», s’est rappelé Luc Déry en entrevue.

Denis Villeneuve a encouragé les producteurs à voir la pièce et suggéré qu’il pourrait collaborer ensemble pour l’adaptation.

«Nous avons vu la pièce et c’est une pièce formidable, a dit Luc Déry. Mais malgré tout, c’était un peu apeurant étant donné le côté épique et tout ce qui s’y passe. Cela dure presque quatre heures, et il y a des monologues de dix minutes.»

Luc Déry et Kim McCraw ont fait part de leurs inquiétudes à Denis Villeneuve, mais le cinéaste de Polytechnique ne s’est pas laissé découragé.

Il estimait pouvoir couper en grande partie les dialogues, affirmant qu’il voulait pratiquement en faire un «film muet». Les images allaient tout dire, faisait-il valoir.

«C’est ce qui nous a fait croire qu’il avait la bonne approche, a soutenu Luc Déry. Il ne voulait pas faire du théâtre filmé.»

Il y a encore beaucoup de dialogues dans le résultat final, mais Luc Déry fait valoir que l’émotion et le propos sont davantage portés par les images du film.

Mais ils avaient encore à convaincre un distributeur en France pour compléter le financement.

«Presque tout le monde aimait le projet, mais malgré tout passait leur tour car ils croyaient que le film serait trop difficile à vendre sur le marché français», a relaté Luc Déry à propos de la dizaine de distributeurs indépendants qui avaient été approchés.

Le portrait de la quête d’un frère et d’une soeur sur la route du passé de leur mère ravagé par la guerre a finalement été embrassé par Happiness Distribution à Paris. Le président de la petite société est tombé en amour avec le film.