Un militaire en mission dans le passé. Il a huit minutes pour empêcher une bombe d'exploser. Chaque fois qu'il échoue, il revient à ce point de départ temporel. Pareil, mais différent. Le réalisateur Duncan Jones et l'équipe de Source Code parlent de l'art de refaire sans ennuyer.

Quand le film de science-fiction Moon a été présenté à Sundance, la nouvelle s'est répandue comme une traînée de poudre: le réalisateur en était «le fils de David Bowie». Le long métrage a remporté un tel succès que Source Code nous arrive avec, à sa barre, «le réalisateur de Moon». Son nom est Jones, Duncan Jones. Et son deuxième film, encore une science-fiction, réunit Jake Gyllenhaal, Michelle Monaghan et Vera Farmiga.

«C'est un film au rythme beaucoup plus rapide que Moon, quelque chose qui, au départ, ne m'a pas semblé être pour moi. Mais j'aime la science-fiction», a indiqué le réalisateur lors de rencontres de presse tenues à Los Angeles. Cet amour du genre a parlé. De même que le désir de travailler avec Jake Gyllenhaal - «Moon ayant été bien reçu, j'ai pu rencontrer plusieurs des personnes avec qui j'avais envie de tourner, et Jake était au sommet de cette liste» - et sa fascination pour un scénario qu'il a, dans un premier temps, trouvé «intimidant».

Jake Gyllenhaal a eu semblable réaction: «J'en ai lu les 15 premières pages et j'ai été soufflé. Au point où je l'ai mis de côté parce que je pensais impossible que la suite soit à la hauteur.» Bien sûr, la curiosité l'a emporté. Il a terminé le scénario de Ben Ripley, qu'ils appellent «the talented Mr. Ripley», et a su qu'il voulait être de cette aventure. Qu'il a «pitchée» à Duncan Jones lorsqu'ils se sont rencontrés.

Source Code, donc, est l'histoire du capitaine Stevens (Jake Gyllenhaal) qui, sans comprendre pourquoi, se retrouve assis dans un train et non plus aux commandes de son hélicoptère. En face de lui, la souriante Christina (Michelle Monaghan), qui semble le connaître alors qu'il ne l'a jamais vue. Peu après, Stevens est brutalement catapulté ailleurs, dans une espèce de capsule. Son interlocuteur est maintenant la capitaine Goodwin (Vera Farmiga). Elle lui rappelle qu'il a accepté une mission très secrète: grâce à une nouvelle technologie, il peut retourner dans le passé pour une période de huit minutes; son but est de découvrir l'identité du terroriste qui veut faire sauter le train à bord duquel il est envoyé. Un attentat menace des millions de personnes à Chicago.

«Dans un premier temps, j'ai lu le scénario à la manière d'un simple lecteur, se souvient Duncan Jones. J'ai été happé par l'histoire. Puis, je me suis rendu compte de la difficulté du projet: répéter huit ou neuf fois la même boucle, sans devenir ennuyant.» Il a donc donné une couleur à chaque source code, comme autant de chapitres à un roman. Chaos pour le premier. Péché pour le deuxième. Etc. «Ces titres reflètent le rapport de Stevens avec Christina. Il est l'aspect conscient du récit; elle en est l'inconscient», continue Jake Gyllenhaal.

Leur rapport teinte donc chaque boucle - et leur jeu dans cette boucle. Une teinte, croit Vera Farmiga, qui naît «dans l'échange entre Stevens et Goodwin, juste avant chaque retour vers le passé». Car ces échanges modifient l'état d'esprit du militaire - et sa façon de réagir à la mission.

«À sa première arrivée dans le train, Stevens est confus. La deuxième fois, il est sûr que Goodwin et les autres n'existent pas vraiment. La troisième, il décide de faire ce qu'on lui demande pour qu'on le laisse ensuite retourner à sa vraie vie, et ainsi de suite», raconte le scénariste Ben Ripley.

Il y a cinq ans, le nom de ce dernier était associé au cinéma d'horreur. Mais rien de ce qu'il écrivait n'arrivait à l'écran et il n'était pas particulièrement bien dans ce bassin. Pourquoi, alors, ne pas signer quelque chose qu'il aimerait vraiment? Et advienne que pourra ensuite. «J'aime les films du genre Sliding Doors et Groundhog Day, ces explorations de réalités parallèles ou d'une boucle temporelle qui se répète. Mais dans ces histoires-là, le principe n'est pas expliqué. Avec Source Code, j'ai imaginé une explication «scientifique» au phénomène», dit celui pour qui ce long métrage ne raconte pas «une histoire de terrorisme, mais suit le parcours d'un personnage».

Un parcours mené à un train d'enfer, sur un train peut-être en route vers l'enfer...

Source Code (Code Source) prend l'affiche le 1er avril. Les frais de voyage ont été payés par Les Films Séville (EOne).