Dans Conan O'Brien Can't Stop, Rodman Flender suit l'ex-animateur-vedette de NBC Conan O'Brien lors de la tournée qui a suivi son départ très médiatisé de la populaire chaîne américaine en 2010.

Après 22 ans à la tête d'émissions de variétés de fin de soirée à NBC, l'animateur, qui a accepté de remplacer Jay Leno à la barre de The Tonight Show à la demande du réseau, a choisi de quitter son fauteuil plutôt que de voir son émission diffusée après minuit.

Coco, du surnom que lui donnent ses fans, a alors décidé d'offrir une série de spectacles d'humour et de musique dans tous les États-Unis. Intitulée Legally Prohibited From Being Funny on Television, cette tournée se voulait une réponse ironique à la clause de son contrat lui interdisant d'apparaître à la télévision, d'être entendu à la radio ou même sur l'internet au cours des six mois suivant son départ.

«Quand Conan a quitté le Tonight Show, il a tout de suite eu l'idée de faire cette tournée. Dès qu'il m'en a parlé, j'ai voulu capter ce moment de sa vie et en faire un documentaire. Il ne savait pas encore à quoi allait ressembler son spectacle, alors il a improvisé. Je voulais le filmer en train de décider quelle tournure allait prendre sa vie», explique le réalisateur du documentaire et ami de longue date de l'animateur.

Rodman Flender a suivi Conan O'Brien pendant trois mois, des balbutiements de son spectacle à la fin de sa tournée, toujours dans la plus stricte intimité.

«Je ne voulais pas que mon documentaire ressemble à U2 3D, qui montre les membres du groupe en leur donnant des airs de divinités. Je voulais donner l'impression inverse. Les réalisateurs qui m'ont inspiré sont Ken Baker ou les frères Maysles, qui ont fait Gimme Shelter sur les Rolling Stones. Les mouvements de caméra, les niveaux de son inégaux participent à l'impression d'entrer dans l'intimité de Conan dans le documentaire. Dès qu'il y a plusieurs caméras, des preneurs de son et une plus grosse équipe, je pense qu'on perd cette proximité et cette spontanéité», précise Rodman Flender.

Frustré et amer

Le documentaire présente un Conan O'Brien en colère, frustré et amer, dans une tournée qui prend des allures de thérapie pour l'homme sans cesse en mouvement.

«Il est très courageux de m'avoir laissé montrer ça au public. Il n'a pas essayé de contrôler quoi que ce soit. Il m'a laissé le suivre partout, même dans sa douche! Il n'y avait aucune limite. Il venait de souffrir d'une terrible déception professionnelle et il était terriblement frustré. Le Conan qu'on voit à la télé, toujours souriant et qui dit «de retour après la pause» est celui qui fait son travail. Le Conan du documentaire est celui qui réagit à ce qui se passe autour de lui et qui doit faire face à ses choix et à sa déception», précise-t-il.

Depuis l'automne dernier, Conan O'Brien est à la barre de Conan, son nouveau talk-show présenté sur les ondes de la chaîne câblée américaine TBS.

«Il a tout de suite enchaîné après sa tournée. Quand il a vu le documentaire, ça a été un peu comme une machine à remonter dans le temps de ses émotions. Un an plus tard, c'est dur de revivre tout ça. Il a apprécié le travail derrière ce film, mais l'expérience émotive a été terrible pour lui», conclut le réalisateur.

Conan O'Brien Can't Stop, en salle pour un soir seulement demain.