Pour une comédie romantique d’été, c’est une distribution de rêve : Steve Carell, Julianne Moore, Ryan Gosling et Emma Stone. Si tous ont accepté de jouer dans le film, c’est peut-être parce que Crazy Stupid Love va au-delà du genre en évitant la caricature, tout en gardant le côté comique et feel-good-movie de la comédie romantique. Entrevues sur le thème de l’amour et des êtres imparfaits.

Quand Ryan Gosling et Julianne Moore acceptent d’être les têtes d’affiche d’une comédie romantique, cela envoie un message au public. « Ça indique que c’est d’abord un film à propos de la vie. Pas une comédie », indique Denise Di Novi, productrice des premiers films de Tim Burton à ses débuts, qui coproduit Crazy Stupid Love avec Steve Carell (The Office).

Quand le scénariste Dan Fogelman a fait parvenir le scénario du film à son agent, il a dit en boutade qu’il s’était inspiré de Steve Carell pour le rôle du personnage principal. « Quatre jours plus tard, Steve Carrell avait lu le scénario et il voulait faire le film », raconte-t-il.

L’histoire de Crazy Stupid Love est simple : un couple se sépare. Emily (Julianne Moore) a trompé son mari Cal (Carell). Un homme qu’elle aime, mais qui est sur le pilote automatique dans leur couple, formé à l’école secondaire. Pour Cal, c’est un coup dur, mais il fera la rencontre d’un jeune homme au grand pouvoir de séduction (Ryan Gosling), qui, en plus de changer son look, lui réapprendra à draguer.

La première scène du film dit tout. Un gros plan sous la table d’un restaurant chic montre que le personnage de Julianne Moore porte de jolis talons hauts alors que son mari a de vieux New Balance dans les pieds.

« Elle est moderne et raffinée. Elle n’est pas complaisante dans son couple, mais son mari l’est devenu, explique Julianne Moore, qui a été charmée par la force du scénario. Dès la première page, elle dit : je veux divorcer. Je n’avais jamais vu ça ! »

Pour Steve Carell, il était important qu’Emily ne soit pas dépeinte comme « la méchante » de l’histoire. « Cal a oublié de prendre soin de sa relation, explique l’acteur et coproducteur. Je voulais un film humain... Dans la vie, il y a des zones grises. (...) Dans une relation, les fautes sont des deux côtés. »

Souci de réalisme

La bande-annonce de Crazy Stupid Love donne l’impression d’une comédie romantique classique. Ce n’est pas à l’image des surprises et des chassés-croisés inattendus, mais crédibles du scénario. Le spectateur est amené à rire, mais les personnages demeurent vrais dans leur remise en question respective.

« Il y avait une volonté de garder le registre de l’émotion le plus réaliste possible, souligne Julianne Moore. Et le scénario est vraiment bien construit. Tu ne vois rien venir... »

Pour reprendre l’expression de Steve Carell, le scénario de Crazy Stupid Love comprend en effet plusieurs rebondissements. À commencer par le personnage de Cal, qui s’éjecte de sa voiture devant l’impossibilité de communiquer avec sa femme qui vient de le larguer. En plus de l’imprévisible finale, il y a également plusieurs sous-intrigues (le garçon du couple amoureux de sa gardienne, qui, elle, aime un homme de l’âge de son père) et des apparitions éclair de Marisa Tomei, Kevin Bacon et Josh Groban.

Crazy Stupid Love compte aussi sur la présence de la coqueluche de l’heure, Emma Stone, dont le personnage gagne le cœur de Jacob. « Nous avons eu tous nos premiers choix de distribution », indique Steve Carell.

Carell n’a que de bons mots pour Ryan Gosling. « Notre première rencontre devait durer une demi-heure, mais nous avons jasé pendant trois heures, raconte-t-il. Il est très drôle. Nous avons beaucoup discuté de son approche de la comédie. (...) Il ne voulait pas essayer d’être drôle. Il voulait que les gens rient avec son personnage. »

Les comédiens ont beaucoup improvisé sur le plateau, dirigé par Glenn Ficarra et John Requa (couple dans la vie qui a réalisé le film I Love You Philip Morris). Dans une scène où leurs personnages jasent toute la nuit, Ryan Gosling et Emma Stone ont eu carte blanche. Gosling est arrivé avec l’idée de reproduire la scène du plongeon de Dirty Dancing, mais avec un deuxième degré qui ajoute une touche d’authenticité à la scène en apparence banale.

Emma Stone (vedette du prochain Spider-Man) a passé une audition pour Crazy Stupid Love avant d’avoir été révélée par le film Easy A. « Elle a un talent incroyable, une vieille âme. (...) Elle est entrée dans la salle d’audition et on le savait, raconte Glenn Ficarra. Elle tenait tête à Ryan. Quand elle est partie, Ryan a dit : "Bon, c’est fait !" »

En entrevue, Gosling exerce son charme tout en esquivant les questions des journalistes avec un humour pince-sans-rire (que ce soit en faisant des blagues sur Jersey Shore ou en disant que les filles sont déçues qu’il ne soit pas Ryan Reynolds). Sur ses talents d’improvisateur – dans Crazy Stupid Love et Blue Valentine –, l’acteur canadien dit le faire par nécessité, car son jeu ennuie les réalisateurs. Il a accepté de faire une première comédie romantique parce que c’est Steve Carrell qui le lui demandait. « Je suis un de ses fans. J’ai fait un pilote avec lui à 17 ans, mais il ne s’en souvient pas. »

Quant à Emma Stone, elle brille de mille feux en entrevue comme au grand écran. Elle a bien fait rire notre groupe de journalistes en disant que sa voix rauque vient des coliques qui la faisaient pleurer quand elle était bébé. Par rapport au succès, elle est terre à terre, mais elle profite de chaque moment. « En audition, je me dis : "Fuck it." Je vais avoir du fun, car c’est peut-être la dernière fois que je vais faire le personnage. »

Les frais de ce voyage sont payés par Warner.