La proposition de François Macerola visant à regrouper trois festivals de cinéma de Montréal (Festival des films du monde, Festival du nouveau cinéma et Fantasia) a été accueillie avec prudence hier par les principaux intéressés, qui reçoivent tous des subventions de l'organisme public. La ministre de la Culture, Christine St-Pierre, s'est dite favorable à l'initiative du président de la SODEC.

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Hier matin, le directeur général du FNC, Nicolas Girard Deltruc, s'est dit prêt à participer à des discussions sur le sujet. «Tout dépend maintenant de la vision qui nous sera présentée, a-t-il dit, insistant sur les nombreux défis d'un tel regroupement. Chacun des festivals a son identité propre, mais aussi ses dates, ses lieux de diffusion et... ses films. On ne peut pas présenter 900 films aux festivaliers!»

François Macerola avouait mardi n'être qu'à l'étape de réflexion. Il s'est dit conscient des écueils qui l'attendent, mais a promis de conserver l'identité des trois festivals. Il a évoqué la possibilité de présenter l'événement à l'automne, après le festival de Toronto. «Plutôt que de fonctionner chacun de notre côté, regroupons nos ressources de façon plus sensée et plus intelligente, a-t-il dit à La Presse.»

L'enthousiasme de M. Macerola, en poste à la SODEC depuis 2009, se bute tout de même au caractère spécifique de chacun des festivals. Fantasia, qui attire environ 100 000 festivaliers par année, présente ses quelque 400 films de genre (dont 250 courts métrages) en juillet. «C'est sûr que notre clientèle est plus jeune, précise Pierre Corbeil. L'été est la période idéale pour présenter ce festival.»

Le directeur de Fantasia, qui reçoit des subventions depuis 2006, s'est néanmoins dit ouvert à d'éventuelles rencontres, avouant déjà avoir eu des discussions avec M. Macerola. «Au fond, l'idée est de voir si les trois festivals peuvent se parler. Nous avons toujours dit que nous étions complémentaires. Si la SODEC a une proposition à nous faire, nous allons écouter.»

M. Girard Deltruc prévient de son côté qu'il ne fera aucun compromis sur le contenu de son festival, qui comporte, selon lui, un volet d'avant-garde unique. «Il y a une véritable recherche qualitative des films que nous présentons au FNC, a-t-il indiqué. C'est ce qui nous a permis d'exister depuis près de 40 ans.»

Ce n'est pas la première fois qu'un tel projet est évoqué. Il y a six ans, Téléfilm Canada et la SODEC avaient supprimé les subventions du FFM dirigé par Serge Losique afin de créer un nouveau festival de cinéma. Les deux institutions avaient finalement confié le mandat à Spectra. Mais le premier (et dernier) Festival international de films de Montréal, à l'automne 2005, fut un échec. Deux ans plus tard, le FFM recevait de nouveau ses subventions.

La SODEC a précisé hier qu'il était «hors question de répéter l'expérience de 2005». M. Macerola cherche plutôt à réunir le milieu du cinéma afin de trouver des solutions innovantes pour contrer la diminution des fonds publics, dit la porte-parole Isabelle Melançon.

Serge Losique n'a pas réagi hier à la proposition de M. Macerola. Il n'a pas rappelé La Presse.

La ministre de la Culture, Christine St-Pierre, s'est dite favorable à une fusion des principaux festivals de cinéma de Montréal. «S'il y a une personne qui est capable de le faire, c'est lui [François Macerola]. Il a beaucoup de tact, il est capable d'expliquer les choses aux gens», a indiqué la ministre St-Pierre en précisant que la décision reviendrait aux dirigeants des festivals. «Ce n'est pas moi qui vais décider à leur place», a-t-elle lancé. Elle a aussi dit ne pas avoir donné de mandat en ce sens à la SODEC.

Avec Paul Journet