Lundi matin au Festival international du film francophone (FIFF) de Namur, le court métrage Mokhtar de la réalisatrice suisso-québécoise Halima Ouardiri sera présenté en première partie de Le gamin au vélo, le plus récent film des frères Jean-Pierre et Luc Dardenne. Pour Mme Ouardiri, c’est un grand bonheur.

«Mon film sera joué six fois au cours du festival dont la représentation de lundi avec les frères Dardenne. Je suis trop contente car ce sont ces réalisateurs qui m’ont donné le goût de faire du cinéma», dit-elle en entrevue à Cyberpresse.

Son intérêt pour les deux réalisateurs belges a commencé avec le film Rosetta. «J’étais étudiante en sciences politiques dans le but de faire une carrière de diplomate. Lorsque j’ai vu ce film, je me suis dit que j’aimerais faire du cinéma. J’aime la construction de leurs personnages. On ressent une immense proximité avec eux. J’ai mal quand ils ont mal, etc. Il y a un réalisme qui me parle dans leurs films.»

Après avoir terminé ses études en sciences politiques, la jeune femme s’est inscrite au baccalauréat en cinéma à l’Université Concordia. Mokhtar est son premier film ayant bénéficié de financement public. Et depuis son lancement, en septembre 2010 au Festival de Toronto (TIFF), l’aventure ressemble à un conte de fées.

«Jusqu’à maintenant, le film a récolté 19 prix, relate Mme Ouardiri. Jamais n’aurais-je pu penser à ce qui m’arrive. C’était ma première fiction. Dans ce temps-là, on  écrit avec toute sa spontanéité. On espère au mieux, on travaille au jour le jour. J’ai aimé travailler dans cette innocence, y aller d’instinct. J’espère poursuivre ainsi, avec la même candeur, la même joie.»

Au moment de notre rencontre, elle venait d’apprendre qu’elle obtiendra une aide de la SODEC pour l’écriture d’un premier long métrage. Le film, une coproduction avec la Suisse, racontera l’histoire d’une relation ambiguë entre une jeune femme garde du corps et une princesse saoudienne.

«C’est inspiré d’un job que j’ai occupé durant deux étés lorsque j’étais garde du corps d’une princesse saoudienne à Genève. Mais ça demeure une fiction», indique la réalisatrice lorsqu’on lui demande si le film sera autobiographique.

Retrouver Abdallah

Mokhtar raconte l’histoire d’un enfant d’une chèvrerie vivant dans les montagnes du Maroc. Un jour, il trouve un hibou blessé et le ramène à la maison. Y voyant un symbole de malheur, son père le punit.

À Namur, le film est inscrit dans la compétition officielle des courts métrages. Après la Belgique, Mme Ouardiri ira à Tanger pour un autre festival, où, pour la première fois depuis le tournage, elle retrouvera le jeune Abdallah Ichiki, interprète du rôle-titre.

«J’irai voir Abdallah dans son village d’Issouane, dit-elle. Comme il demeure dans la montagne, les communications sont difficiles mais les gens du festival de Tanger ont joint sa famille et organisé toute la rencontre. Je lui apporte son cachet de l’Union des Artistes qui n’a jamais pu lui être remis», indique la réalisatrice, très heureuse de retrouver son jeune acteur.

Elle apporte aussi dans ses bagages une caméra Bolex 16 mm avec laquelle elle compte filmer ces retrouvailles. «Mokhtar vient d’être acheté en France par France 3, dit Mme Ouardiri. Plus tard cet automne, j’irai à Paris afin de participer à l’enregistrement d’une émission sur le film. Je compte y présenter des images de mon passage au Maroc avec Abdallah.»

Au cours des prochaines semaines, le film sera aussi présenté dans des festivals à Agadir et Montpelier.

Les frais de ce reportage ont été payés par le FIFF.