Scénariste et réalisateur d’un premier court métrage, Alone with Mr. Carter, présenté aux Rendez-vous du cinéma québécois (RVCQ), le comédien Jean-Pierre Bergeron planche maintenant sur un projet de long métrage intitulé Flowers.


Dans un cas comme dans l’autre, il s’agit de projets en partie autobiographiques et libérateurs pour ce comédien qui, il y a quelques mois, à l’aube de la soixantaine, a décidé de sortir du placard.


« J’ai passé ma vie à faire mon métier en taisant mon homosexualité, dit-il en entrevue. Mais il y a quatre ans, j’ai vécu de grands changements qui m’ont conduit à poser ce geste. Mon film Alone with Mr. Carter est en partie le reflet de ce que j’ai vécu, entre autres dans les sentiments du jeune garçon. »


Le court métrage nous fait faire la connaissance de John (Robert Naylor), un jeune de dix ans qui rêve de devenir policier et qui se sait homosexuel. Secrètement amoureux d’un de ses voisins, M. Carter (Paul Saunders), 65 ans, il tente par tous les moyens d’exprimer ses sentiments avant que l’homme déménage en Californie. Mais il trouve constamment sur son chemin Lucille (Claudia Ferri), jeune épouse de M. Carter, en proie à des crises constantes.


Le tout se passe dans une ruelle d’un quartier populaire de Montréal en 1997, année où l’animatrice Ellen DeGeneres fit son coming out, geste auquel John se réfère pour assumer sa différence. « Dans la littérature cinématographique, il y a eu des histoires portant sur des jeunes garçons ayant des sentiments amoureux et du désir pour des femmes adultes, rappelle M. Bergeron (Les doigts croches, Filière 13, Omertà). Comme ces personnages, j’avais des sentiments secrets pour des adultes, et dans mon cas, c’étaient des hommes. » Il dit n’avoir jamais trouvé de films abordant le sujet sous cet angle et a décidé de s’y attaquer.


Le réalisateur a été soufflé par le jeu de Robert Naylor, jeune homme talentueux qu’on a vu dans le film 101/2 et la série 19-2, tous deux réalisés par Podz.


« Robert est un acteur exceptionnel, lance M. Bergeron. Comme le rôle de John était très difficile, je ne voulais pas auditionner 15 ou 20 comédiens. On m’a suggéré son nom, je l’ai auditionné durant 45 minutes et j’ai accepté tout de suite. Il jouait à la perfection le garçon qui se sent différent. Il a le sens de la mesure. »

En septembre dernier, le film de M. Bergeron avait été sélectionné parmi les œuvres présentées à Los Angeles lors de l’événement Québec à Hollywood, destiné à faire découvrir aux Californiens la culture d’ici. Depuis, le film a participé au Festival du court métrage de Clermont-Ferrand et se retrouvera sous peu dans d’autres événements. « À Clermont-Ferrand, nous avons été approchés par un distributeur européen », dit fièrement M. Bergeron.

Quant à son projet de long métrage, il en est à une étape avancée de la scénarisation. M. Bergeron, qui passe une partie de sa vie à Palm Springs, où il possède une résidence, tente d’attirer un acteur américain connu pour le rôle principal. Mais il tient à tourner au Québec. « On sera encore un peu dans le même univers, dit le réalisateur. Encore une fois, ce sera une histoire en partie autobiographique. »


Alone with Mr. Carter est présenté ce soir à 21 h 45 à la Cinémathèque québécoise dans le cadre du programme « Best of » de courts métrages des RVCQ.