24 Davids de Céline Baril est présenté ce soir en ouverture des Rencontres internationales du documentaire de Montréal (RIDM). Dans ce film aussi émouvant que brillant, la documentariste a rencontré 24 personnes, toutes prénommées David, vivant à Mexico ou Londres, en Colombie ou au Togo. D'un cosmologiste britannique à un entrepreneur mexicain qui récupère l'eau de pluie, tous contribuent à rendre le monde meilleur. Entrevue avec une réalisatrice qui a confiance en l'humain.

Comment avez-vous trouvé les David de votre film?

Sur le web, avec ma recherchiste. Le projet était de rendre compte des grands mouvements du monde, mais je ne savais pas comment l'aborder. C'est là qu'est née l'idée d'une contrainte. Nous avons choisi un prénom très répandu, David. Mais je ne faisais jamais de préentrevues pour garder la magie... J'arrivais en face de quelqu'un sans savoir de quoi on allait parler. Comme quand tu es assis dans l'avion à côté d'un inconnu, que tu fais connaissance et que ça devient intense. C'est comme ça que toute cette brochette s'est construite.

Un peu par hasard, donc?

Oui. J'aime les hasards. Il m'en arrive, et je les inclus. Je ne pars jamais avec un angle précis. C'était un projet casse-gueule, mais le film est tout simple. C'est devenu une grosse forêt de David. Le défi était de trouver comment monter ça.

Ça prenait quand même un fil conducteur...

Je fais confiance à l'humain. Il y a quelque chose dans le fond de chaque personne. Je savais que j'arriverais à faire quelque chose avec ce petit collier de perles de David, parce que la colonne vertébrale, c'est moi.

Vous avez travaillé sans plan, mais vous deviez quand même avoir en tête l'aspect scientifique et philosophique?

Les physiciens, je les voulais. C'était la seule chose qui était prévue. Leurs recherches nous replacent le camarade, en nous rappelant qu'on est tout petits dans l'univers. Je trouve ça très poétique.

Et tous ces gens que vous nous présentez, qui recyclent, qui éduquent, qui embellissent, ça pourrait paraître dérisoire, mais ce ne l'est pas.

Ça fonctionne par cumul. Ça finit par faire un écosystème de gens qui ont chacun quelque chose de particulier. C'est quand même réjouissant ! Je ne suis pas allée à la recherche de personnes bonnes, altruistes, empathiques. Mais tous ces gens choisis au hasard l'étaient.

Vous faites des liens entre les grandes lois qui régissent l'univers et le local. Et ça fonctionne. Le film s'est quand même construit comme ça?

Oui, il y a beaucoup de montage. On pouvait faire une heure et demie de conversation, mais après, il fallait décider ce qu'on prenait. C'était infini comme possibilités. C'est comme une sculpture: ma boîte à outils, ce sont tous mes David. Il fallait juste trouver le rythme, la façon de lier les sujets, pour que ça donne quelque chose d'émouvant.

Votre film est présenté en ouverture des RIDM. Qu'est-ce qu'un bon documentaire, selon vous?

Il y a toutes sortes de bons documentaires. Je ne ferais jamais de documentaire d'enquête, mais j'aime ça. Je préfère ceux où je ressens des choses. Il doit y avoir un projet cinématographique et esthétique à la base, mais on doit sentir qu'il y a quelqu'un derrière. Si tu embarques avec moi et que tu vas jusqu'au bout, tu vas faire un beau voyage dans une forêt luxuriante de David.

Quelle vie souhaitez-vous à votre film?

Il va vivre par la manière dont les gens vont se l'approprier. Quand tu sors de là, il n'y a pas de statement, mais ça dit que si tu es actif dans ta vie, tout le monde autour vit. Ce qui ne marche pas, c'est la passivité. Les gens dans mon film n'ont pas beaucoup de sous, mais ils font tous partie de quelque chose. 

Comme Blancs occidentaux, c'est utile de voir ça.

C'est pour ça que je termine avec le David-migrant qui attend dans le nord de la France de passer en Grande-Bretagne. Les gens m'ont demandé pourquoi je finissais à Calais. Parce qu'il le fallait. 

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24 Davids est présenté dans le cadre des RIDM ce soir à 19 h, puis le 11 novembre à 16 h 30. Il sera présenté à la Cinémathèque québécoise à compter du 2 février 2018. Les RIDM se poursuivent jusqu'au 19 novembre.

Photo fournie par les RIDM

Le film 24 Davids est présenté ce soir en ouverture des Rencontres internationales du documentaire (RIDM).