Robert Pattinson s'est fait connaître dans la série des films Twillight et est aussitôt devenu une idole des adolescentes. Comme son ex-copine Kristen Stewart, il s'évertue depuis à détruire cette image de beau garçon propret, en jouant des rôles moins lisses dans des films indépendants (notamment dans le dernier film de David Cronenberg, Maps to the Stars, présenté à Cannes en 2014).

On ne l'a jamais vu, cela dit, dans un contre-emploi aussi saisissant que celui de Connie, jeune voyou braqueur de banques, qui va de mauvaise décision en mauvaise décision dans le nouveau film des frères Josh et Benny Safdie, Good Time.

Les jeunes cinéastes indépendants américains de 33 et 31 ans, habitués de la Quinzaine des réalisateurs, présentaient hier en compétition ce thriller rêche et brut, mettant non seulement en vedette Pattinson en voyou, mais Benny Safdie lui-même dans le rôle de son frère handicapé mental. Des souris et des hommes des temps modernes, Good Time rappelle à certains égards Drive de Nicolas Winding Refn (pour l'ambiance des années 80 surtout), mais sans toute la prétention.

«Nous avons tourné façon guérilla dans les rues de Manhattan et Queens et j'avais peur que les gens s'en rendent compte et qu'il y ait des paparazzi, a confié Pattinson, hier, en conférence de presse. Je ne voulais pas que l'illusion soit détruite, parce que je me nourrissais beaucoup du personnage. J'essayais de disparaître, d'être un fantôme dans la foule.»

Il semble avoir réussi. Grâce à des effets subtils de maquillage, son visage s'est rembruni et Pattinson dit ne pas avoir été reconnu dans la rue. Au-delà de sa transformation physique, il propose sans doute la meilleure performance de sa jeune carrière. Si bien qu'il ne serait pas étonnant de le voir décrocher le prix d'interprétation masculine dimanche. Il ne l'aurait pas volé (s'cusez-la).

Déprime postsoviétique

Une femme reçoit à la poste le colis qu'elle avait fait parvenir à son mari emprisonné. Elle décide d'aller le lui porter en mains propres, dans une région reculée de la Russie. Mais sur place, elle peine à trouver des renseignements et se retrouve mêlée à un monde où fleurissent l'escroquerie et la corruption.

Krotkaya (Une femme douce) de l'Ukrainien Sergei Loznitsa, l'un des derniers films de la compétition - il ne reste que ceux de François Ozon, Fatih Akin et Lynne Ramsay -, est une vignette postsoviétique témoignant d'un univers à la fois d'une violente absurdité et d'une profonde humanité. On se demande à quelle époque se déroule ce récit troublant, tellement le temps semble s'être figé dans la vodka bas de gamme, les petites combines de personnages louches et les dialogues dignes d'une pièce de Tchekhov revisitée. Fascinant.