Réfugiés, changement climatique, militantisme...: la 70e édition du Festival de Cannes prendra une coloration politique avec plusieurs films et un calendrier particulier entre deux élections en France, la présidentielle et les législatives.

«J'espère que la Corée du Nord, la Syrie ne viendront pas ombrer cette édition que l'on veut stable, que l'on veut festive», a déclaré jeudi le président du Festival, Pierre Lescure lors de la présentation de la sélection.

«Ce festival, on espère bien qu'il soit une respiration qui va permettre de ne parler que de cinéma, mais le cinéma étant le reflet du monde (...), on parle de politique et des grands sujets».

Onze ans après le pamphlet d'Al Gore, An Inconvenient Truth, sur le changement climatique, une suite sera projetée pendant le Festival. Dans An Inconvenient Sequel : Truth to Power, l'ex-vice-président américain poursuit son combat en voyageant autour du monde pour former une armée de défenseurs du climat. Al Gore fera le déplacement sur la Croisette.

Le sort des réfugiés sera abordé dans plusieurs films y compris en sélection officielle.

Dans Happy End, le doublement palmé Michael Haneke retrouve Isabelle Huppert et Jean-Louis Trintigant et s'intéresse à une famille bourgeoise du nord de la France vivant à côté de camps de migrants.

Le réalisateur hongrois Kornél Mandruczo (prix Un certain regard en 2014 pour White God) signe, lui, avec Jupiter's Moon, un film fantastique sur l'accueil des réfugiés.

Hors compétition, l'actrice et militante britannique Vanessa Redgrave viendra présenter Sea Sorrow, un documentaire sur les réfugiés.

Le Slovaque Gyorgy Kristof se penchera sur les travailleurs migrants en Europe dans Out, son premier film présenté dans la section Un Certain regard.

Plus historique dans la même section, Après la guerre, premier long métrage d'Annarita Zambrano, évoquera les années de plomb en Italie.

Autre film à dimension politique, Napalm, de Claude Lanzmann sera montré en séance spéciale. Il y est question de la Corée du Nord où le réalisateur de Shoah s'est rendu quatre fois depuis 1958.

Le film pourrait créer la polémique, ce qui n'est pas pour déplaire au vieux lutteur. «La Corée du Nord n'est pas l'axe du mal selon George W. Bush», soutenait-il récemment dans un entretien à l'AFP.

Le Français Raymond Depardon va poursuivre son exploration documentaire avec 12 jours sur l'internement d'office tandis que son compatriote Robin Campillo (Eastern Boys) va évoquer la lutte de l'association Act Up pour faciliter l'accès aux médicaments pour les malades du sida dans les années 90. Son film 120 battements par minute est un des quatre représentants de la France en compétition officielle.

Également en lice pour la Palme d'or, le Sud-Coréen Bong Joon-ho met en scène dans Okja l'amitié d'une petite fille avec un animal imposant jusqu'au jour où une multinationale met la main dessus.

«C'est un film très politique sous ses aspects de comédie, qui revisite (...) la manière dont on exploite les animaux», a promis Thierry Frémaux, le délégué général du festival.

Enfin, la 70e édition du festival rendra hommage au grand cinéaste polonais Andrzej Wajda, décédé en octobre 2016 et Palme d'or en 1981 pour L'Homme de fer. L'ex-chef historique du syndicat Solidarité, Lech Walesa, est annoncé pour cet hommage.