Coup d'oeil sur six suggestions de nos journalistes à voir à Cinemania.

Dheepan de Jacques Audiard

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Antonythasan Jesuthasan, lui-même enfant soldat au Sri Lanka dans les années 80, sera présent jeudi pour accompagner la présentation de Dheepan, le nouveau film de Jacques Audiard, lauréat de la Palme d'or du Festival de Cannes cette année. Le réalisateur d'Un prophète et De rouille et d'os dirige les acteurs de main de maître dans cette histoire où deux réfugiés tamouls incarnent un faux couple pour obtenir des papiers et tenter de se construire une nouvelle vie dans une banlieue de Paris. De façon franche, sans esbroufe, sans dramatisation à outrance non plus, le chef de file du cinéma français contemporain propose un portrait saisissant de la réalité dans laquelle sont plongés les réfugiés. Dheepan est un long métrage percutant, puissant, maîtrisé de bout en bout, qui ne pourrait être plus d'actualité. - Marc-André Lussier

Jeudi 5 novembre, 19 h 45; dimanche 15 novembre, 12 h 30, au Cinéma Impérial.

La volante de Christophe Ali et Nicolas Bonilauri

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Pressé de se rendre à l'hôpital avec sa conjointe sur le point d'accoucher, Thomas (Malik Zidi) happe mortellement un homme avec sa voiture. Un fils meurt tandis qu'un autre naît. La mère du défunt, c'est Marie-France Ducret (Nathalie Baye), femme manipulatrice dont la froideur n'a d'égal que sa soif de vengeance. Neuf ans après les événements, elle débarque dans la vie de Thomas et, telle une araignée venimeuse, tisse une toile dans laquelle se prendront non seulement sa cible, mais des membres de sa famille. Thriller campé au sein de la bourgeoisie de province, efficace, mais sans trait de génie, La volante s'intéresse aussi aux thèmes de la solitude et du deuil.  - André Duchesne

Vendredi 6 novembre, 12 h, au Cinéma Impérial.

Je suis un soldat de Laurent Larivière

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Ne serait-ce qu'en raison de son propos, voici un des films à inscrire à votre programmation de Cinemania. En dépit de son titre qui peut sembler trompeur, Je suis un soldat raconte une histoire campée dans le nord (sombre, sale, pauvre) de la France où Sandrine (excellente Louise Bourgoin) revient, dépouillée de tout, chez sa mère. Elle accepte un boulot dans le chenil de son oncle Henri (Jean-Hugues Anglade). De petit soldat obéissant au départ, Sandrine prendra vite les (mauvaises) habitudes de l'oncle pour aboutir à une forme de réussite. L'oeuvre, qui n'est pas sans rappeler la France indigente de 8 fois debout (Xabi Molia), tire sa force dans le fait que la condition animale est ici le miroir de la condition humaine et vice versa. Un beau film en dépit de son thème âpre. - André Duchesne

Samedi 7 novembre, 12 h 30, et jeudi 12 novembre, 12 h, au Cinéma Impérial.

Un + une de Claude Lelouch

* * * 1/2

On inscrira Un + une parmi les plus belles réussites de Lelouch au cours des dernières années. Certains traits sont bien entendu plus appuyés, mais la force de son cinéma réside surtout dans cette façon de capter des moments de grâce. Il se trouve qu'avec un homme aussi charismatique que Jean Dujardin devant la caméra, et une partenaire de jeu - Elsa Zylberstein - à la hauteur, ces instants magiques transcendent une histoire dont les ficelles sont parfois très grosses. On sera ainsi témoin de l'attirance progressive qui s'installe entre Antoine (Jean Dujardin), un compositeur de musique de film - venu en Inde pour travailler avec l'un des éminents cinéastes du pays -, et l'épouse de l'ambassadeur de France (Elsa Zylberstein). L'homme est un séducteur invétéré qui cherche à ne jamais s'attacher. La femme est en pleine crise existentielle. Et entraînera Antoine dans une quête spirituelle à laquelle il ne croit pas du tout.  - Marc-André Lussier

Dimanche 15 novembre, 19 h 20, au Cinéma Impérial.

Ni le ciel ni la Terre de Clément Cogitore

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Le titre de ce premier long métrage de Cogitore en dit déjà long sur l'essence de son film qui oscille entre drame de guerre et thriller, le tout mâtiné d'un côté mystique assumé. La terre, c'est le concret. Le ciel, c'est le mystère. Entre les deux, la guerre en Afghanistan. Dans un avant-poste défendu par des militaires français dans des montagnes desséchées à la frontière du Pakistan, des hommes disparaissent mystérieusement, laissant pantois le capitaine Antarès Bonassieu (Jérémie Rénier). Certains n'achèteront pas ce mélange de genres. Il reste que Cogitore aborde dans une écriture différente l'absurdité des conflits et soulève le fait que les armes les plus high-tech ne sont pas un gage de victoire. Sa formation d'artiste contemporain transparaît aussi dans un esthétisme léché. - André Duchesne

Dimanche 8 novembre, 13 h 30, et jeudi 12 novembre, 16 h, au Cinéma Impérial.

Belles familles de Jean-Paul Rappeneau

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Douze ans après Bon voyage!, le vétéran cinéaste propose Belles familles, une comédie «à l'ancienne» réunissant les plus belles qualités d'un genre aujourd'hui disparu. Car tout, ici, est dans la belle manière, dans l'élégance du verbe, dans l'amour du travail bien fait. Un charme délicieusement suranné émane de cette comédie de boulevard habilement construite, complètement dénuée de cynisme et de vulgarité. Mathieu Amalric incarne un professionnel vivant à Shanghai. Lors d'une visite surprise chez sa famille à Paris, il apprend que la maison familiale de province est au coeur d'un conflit juridique depuis la mort de son père. La distribution, imposante, compte en outre Marine Vacth, Gilles Lellouche, Nicole Garcia, Karin Viard, Guillaume de Tonquedec, André Dussollier et Yves Jacques. - Marc-André Lussier

Samedi 7 novembre, 20 h 30, au Cinéma Impérial.