En 1914, Winsor McCay marquait l'histoire avec le film d'animation Gertie the Dinosaur (Gertie le dinosaure). Mais la version d'origine s'est perdue. Or, elle a été reconstruite à Montréal et sera présentée dimanche aux Sommets du cinéma d'animation. Voici pourquoi.

Muet, en noir et blanc et d'une durée d'une douzaine de minutes, le film Gertie le dinosaure occupe une place considérable dans l'histoire du cinéma. Parce qu'il est le premier film d'animation où un personnage non humain possède une personnalité.

Ce dinosaure né sur grand écran en 1914 a, en somme, ouvert la voie aux Mickey Mouse et Donald Duck de ce monde.

«C'est une oeuvre fondatrice de l'animation dans tous les sens du terme, dit Marco de Blois, directeur artistique des Sommets du cinéma d'animation. Dans le film, le dinosaure a des sentiments et réagit à ce qui l'entoure. Gertie est si important qu'il est inscrit au Registre national des films de la Bibliothèque du Congrès.»

Rappelons que cette liste, qui s'enrichit de 25 titres chaque année, reconnaît la valeur historique de films américains et les protège à perpétuité.

Mais la version originale de Gertie n'existait plus. Seule la seconde version du film existait. Dont une copie dans la réserve de la Cinémathèque québécoise, organisme reconnu pour la richesse de sa collection en cinéma d'animation. Celle-ci a d'ailleurs été restaurée par l'organisme Éléphant il y a quelques années.

Le fruit d'une belle collaboration

À partir de cette version, la Cinémathèque, l'Office national du film (ONF) et la célèbre Université Notre Dame, en Indiana, ont travaillé ensemble à la reconstruction du film d'origine. Chaque institution a apporté son expertise.

«La Cinémathèque a fourni la matière première, dont des archives illustrées et même de la correspondance qui permettait de mieux comprendre la source du projet, dit Marco de Blois. L'ONF a participé avec son aide technique et son travail créatif, notamment grâce au travail du cinéaste Luc Chamberland qui a créé quelque 250 dessins manquants du film original.»

«Et nous avons travaillé en collaboration avec Donald Crafton, un professeur de l'Université Notre Dame qui a écrit un spectacle théâtral racontant qui est ce Winsor McCay, dans quel contexte il a travaillé, etc.»

L'établissement américain a aussi soutenu la préparation du projet en finançant les déplacements et les frais de recherche.

«La version originale a donc été entièrement reconstruite à partir de tous ces éléments, dit Marco de Blois. C'est pour cela qu'on parle de reconstruction [NDLR : et non de restauration]. Nous avons refait quelque chose qui n'existait plus.»

Ce dimanche, aux Sommets du cinéma d'animation, on pourra voir les fruits de ce travail. Dès 10 h a lieu dans le foyer Luce-Guilbeault une exposition relatant la reconstruction du film. Suivra, à 12 h 30, une rencontre avec trois artisans de l'ONF, dont Luc Chamberland, qui parleront de leur travail.

Enfin, à 17 h 30, on pourra assister à la production théâtrale Winsor et Gertie de Donald Crafton. Le film original sera projeté durant cette pièce à deux personnages, soit Winsor McCay (Stéphane Crête) et son fils Robert (Sébastien René). Le compositeur et pianiste Gabriel Thibaudeau est à l'accompagnement.

Trois suggestions

Marco de Blois fait trois autres suggestions d'événements à voir ce week-end aux Sommets du cinéma d'animation qui ont lieu à la Cinémathèque québécoise.

Compétition internationale des courts métrages

Ce premier volet de la compétition internationale comprend 10 courts métrages pour une durée totale de 80 minutes. «Ce sont d'excellents films. La crème de la crème du cinéma d'animation actuel», soutient Marco de Blois. Un film québécois parmi la sélection: La chambre des filles de Claire Brognez.

Demain à 19 h.

Isabelle Favez

Deux événements ont lieu le dimanche 25 novembre autour de la cinéaste suisse Isabelle Favez, dont les films très rigolos plairont aux plus jeunes. Une rétrospective de ses courts métrages sera suivie d'un atelier sur les techniques d'animation pour les enfants.

Dimanche à 11 h et 13 h.

Chris de Swiss

Film de clôture, Chris de Swiss est une animation documentaire dans laquelle la réalisatrice Anja Kofmel revient sur le parcours de son frère qui a combattu avec les Croates durant le conflit yougoslave. «Ce soldat est décédé mystérieusement. C'est assez prenant», dit M. de Blois.

Dimanche à 19 h 30.