Le festival SPASM, consacré au cinéma québécois de tous les genres, fête ses 15 ans et ça commence ce soir au Théâtre Plaza. Depuis ses débuts à l'aube du nouveau millénaire, SPASM est un rendez-vous festif, qui a de plus lancé quelques carrières. Retour sur un événement qui rassemble les passionnés avec son créateur et grand manitou, Jarrett Mann.

Combler un vide

Le festival SPASM est né il y a 15 ans dans l'esprit de Jarrett Mann, qui étudiait le cinéma à l'Université de Montréal et qui trouvait le programme un peu conservateur. Fan de cinéma d'horreur, il déplorait, comme plusieurs autres, l'absence dans la cinématographie québécoise de films autres que des drames ou des comédies. «Nous avons commencé avec une soirée de courts métrages d'horreur québécois, mais très vite, nous avons intégré d'autres genres, souligne-t-il. Nous étions au tout début de la révolution numérique, qui allait démocratiser le cinéma, et il y avait une explosion de la créativité.» Pour les nostalgiques, il rappelle qu'il avait fait un appel de films en plaçant une petite annonce dans l'hebdo Voir, qu'il recevait par la poste des cassettes vidéo et qu'il se sentait très hot d'avoir un site web...

Créer l'événement

C'était la force de SPASM à ses débuts et ça l'est toujours aujourd'hui: faire la fête. Les soirées du festival vont bien au-delà du simple visionnement de courts métrages originaux ou bizarres. Animation, musique, public enthousiaste qui réagit fortement en buvant un verre, party costumé, projection de films cultes, remises de prix, SPASM se colle à une tendance qui est de plus en plus en vogue, celle voulant qu'un festival soit un happening. «Ce sont des valeurs ajoutées, car il faut rappeler l'expérience de voir des films en groupe, sur grand écran, croit Jarrett Mann. Nous avons tous maintenant de petits écrans et nous sommes devenus paresseux, les gens vont moins au cinéma.» La grande soirée d'horreur cette année, à l'origine du festival, présentera une projection spéciale d'Evil Dead, film culte du désormais célèbre Sam Raimi. «Ça rejoint notre esprit, qui est de dire: "Défoncez-vous, amusez-vous" et, qui sait, vous finirez peut-être par réaliser des blockbusters

Le combat pour le cinéma de genre

«Au début, SPASM était vraiment là pour promouvoir le cinéma de genre québécois, se souvient Jarrett Mann. On a moins à défendre sa pertinence aujourd'hui, même s'il faut encore se battre.» L'organisateur estime que son festival a gagné en maturité. Il est vrai que les premières années, on voyait passer des films vraiment broche à foin - et ça faisait vraiment partie du charme! - mais les technologies et les cinéastes ont évolué. «On n'est plus un festival de la relève. Ça peut encore arriver, mais c'est plus rare. Les films que nous présentons sont plus aboutis, les gens ont plus d'expérience, ça se reflète dans la qualité, tout en gardant le côté très festif de SPASM.»

Les stars de SPASM

Beaucoup de débutants sont passés par SPASM et sont devenus mordus de cinéma en étant célébrés par un public excité. Impossible de ne pas penser au collectif Roadkill Superstar (formé de François Simard, Yohann-Karl et Anouk Whissell) qui connaît actuellement un succès international avec le film Turbo Kid. Les fans de SPASM se souviennent qu'ils ont modestement commencé à ce festival et n'ont pas oublié le célèbre Bagman. Les membres du groupe Phylactère Cola ont régulièrement présenté de petits bijoux, et trois d'entre eux (Thierry Bouffard, Steve Landry et Édouard A. Tremblay) viennent de lancer le long métrage Les feuilles mortes. La cinéaste Izabel Grondin, une habituée appréciée, est sur le point de réaliser son premier long métrage, tandis que Lawrence Côté-Collins, membre du jury de SPASM cette année, a récemment réalisé le documenteur Écartée. «Tous ces gens-là étaient nos vedettes il y a 10 ans, se souvient Jarrett Mann. On se disait qu'avec du budget, ils pouvaient aller loin. Mais les institutions ont été très lentes à réagir.»

À ne pas manquer

Fidèle à sa tradition, SPASM propose pour son anniversaire une programmation où il sera impossible de s'ennuyer. Voici notre survol.

La soirée d'ouverture «Les insolites québécois»

Des courts métrages québécois dans tous leurs états, avec notamment Vie d'ruelles d'Ara Ball, Oh What a Wonderful Feeling de François Jaros et Mutant d'Alexandre Dostie.

Ce soir, 20 h, au Théâtre Plaza.

Programme double Science-fiction et Inclassables

Encore plus rare que l'horreur, la science-fiction sera à l'honneur lors de cette soirée qui présente aussi les films les plus inclassables de la programmation - toujours un grand succès.

Demain, 19 h, au Théâtre Plaza.

Le Cabaret Trash

Pour voir les courts métrages les plus «fuckés», c'est la soirée à choisir. Il s'agit de plus d'un programme double, avec une deuxième sélection des «inclassables». Animée par les humoristes François Boulianne et Les Pic-bois.

Samedi, 19 h, Théâtre Plaza.

Cabaret Sexe

SPASM retrouve les drag-queens du Café Cléopâtre, qui sont toujours d'excellentes animatrices, pour une soirée de courts coquins et parfois malsains.

Le 26 octobre, 19 h, au Café Cléopâtre.

La grande soirée d'horreur et les 35 ans d'Evil Dead

La grande soirée de courts métrages d'horreur est l'événement fondateur de SPASM, qui souligne régulièrement les anniversaires des films cultes, et comme cette année, ce sera les 35 ans du film Evil Dead de Sam Raimi, l'oeuvre sera présentée en présence de cinq comédiens du film original.

Le 28 octobre, 20 h, au Club Soda.

Le Party d'Halloween «Old School»

Un autre grand succès de SPASM qui aime terminer son événement en beauté par un party d'Halloween où le costume est vraiment obligatoire et la danse, inévitable.

Le 29 octobre, 21 h, au Théâtre Plaza.

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Le festival SPASM, jusqu'au 29 octobre.

Photo Maude Touchette, fournie par L'État brut inc.

Jarrett Mann, le grand manitou de SPASM.