Le charisme de deux géants d'Hollywood, Richard Gere et Susan Sarandon, a marqué l'ouverture vendredi du 60ème Festival de cinéma de Saint-Sébastien, avec la projection d'Arbitrage, thriller sur un magnat de la finance aux trop nombreux secrets.

Apportant au personnage son célèbre charme, Richard Gere incarne Robert Miller, patron d'un fonds d'investissement à risque qui occulte les pertes provoquées par un mauvais placement pour tenter de vendre la compagnie.

Mais ce n'est pas son seul secret: il cache une liaison avec une jeune Française, jouée par Laetitia Casta, mais aussi un homicide involontaire qui, s'il était découvert, ferait échouer la vente.

«Quand on joue un personnage comme celui-ci, on n'a pratiquement que deux choix, ou faire le méchant, avec un M majuscule, et il me semble que c'est un cliché peu intéressant, ou jouer des êtres humains et c'est la décision que nous avons prise», a expliqué Richard Gere après la projection de ce thriller aux accents comiques qui a été accueilli par des applaudissements.

Navigant entre une épouse loyale, interprétée par Susan Sarandon, et une maîtresse possessive, Robert Miller ne perd jamais son pouvoir de séduction, renforcé par une vie jalonnée de succès.

Pas même lorsqu'un inspecteur de police impertinent, incarné par un Tim Roth magistral, se donne pour mission d'en finir avec lui et tout ce qu'il symbolise.

«Il me semble qu'il était très important de trouver le côté charmant de ce personnage, le Bill Clinton en lui, qui trouve le moyen de garder le cap malgré tous ces problèmes pour finalement gagner», a ajouté Richard Gere, pour qui le film ne porte pas tant sur la finance que sur les relations humaines.

La crise financière mondiale a pourtant joué un rôle important dans l'écriture du scénario, affirme son réalisateur et scénariste, Nicholas Jarecki, en compétition pour décrocher le Coquillage d'Or du meilleur film.

«J'ai commencé à écrire le scénario en 2008-2009, pendant l'implosion de notre économie nationale américaine et peu après, celle de l'économie globale», a-t-il indiqué, confessant que le personnage de Richard Gere s'inspire de John Paulson, qui a construit son immense fortune grâce aux «subprimes», des crédits immobiliers toxiques.

Ce qui anime les requins de la finance «ce n'est pas tant une question d'argent (...) qu'un jeu enivrant de pouvoir», souligne Susan Sarandon, dont le personnage met en évidence la désintégration de la famille que provoque une ambition sans limite, bien que son rôle soit quelque peu secondaire.

«Je pense que mon personnage a été écrit pour servir celui de Richard et je suis heureuse que la famille fasse partie de l'équation», a-t-elle ajouté.

La complicité entre les deux acteurs, qui avaient travaillé ensemble pour Shall We Dance (La nouvelle vie de Monsieur Clark, 2004) de Peter Chelsom, est palpable, a affirmé N. Jarecki.

En les réunissant, il a pu constater «qu'il y avait une telle fluidité entre eux que c'était comme reprendre un grand dialogue qui a duré des années», a expliqué le cinéaste, qui présente avec Arbitrage, sorti aux Etats-Unis le 14 septembre, son premier long métrage de fiction.

Déjà chacun décorés à Saint-Sébastien par un prix Donostia pour l'ensemble de leur carrière, Richard Gere et Susan Sarandon sont cette fois en compétition pour décrocher le Coquillage d'Argent du meilleur acteur ou de la meilleure actrice, heureux de tourner encore après tant d'années.

«Je fais des films depuis cinq décennies et je n'avais jamais pensé que cela puisse arriver», a reconnu Richard Gere. «Je travaille encore et je suis heureuse», a ajouté Susan Sarandon.

Poursuivant le défilé de stars attendues à Saint-Sébastien, l'Américain Ben Affleck présentera samedi «Argo», un film hors compétition qu'il a réalisé et interprété. Et le cinéaste espagnol Pablo Berger montrera son étrange Blancanieves (Blanche Neige), en compétition.