Souhaitant se rendre en Floride, une jeune femme délurée et sa coloc timorée louent par erreur une auto destinée à des malfrats.

Drive-Away Dolls (Filles en cavale en version française) est le premier film qu’Ethan Coen réalise sans son frère Joel (Fargo, The Big Lebowski, No Country for Old Men). C’est aussi le premier long métrage qu’il écrit avec sa femme, la monteuse et productrice Tricia Cooke. Ensemble, ils avaient écrit un court métrage, Don’t Mess with Texas, réalisé par Cooke et Carrie Schrader ; deux lesbiennes en cavale y provoquaient le personnel et la clientèle d’un resto texan. Leur collaboration aurait dû s’arrêter avec ce court très ordinaire tablant sans subtilité sur des clichés sexuels que l’on retrouve en vrac dans Drive-Away Dolls.

Ce road movie serait aussi le premier volet d’un triptyque lesbien de série B que Coen et Cooke s’amusent à écrire depuis une vingtaine d’années. Cela pourrait expliquer pourquoi l’humour s’y révèle aussi déphasé. Le prochain projet du couple devrait s’intituler Honey Don’t et mettre en vedette Aubrey Plaza et Margaret Qualley en lesbiennes en cavale. Le jeu débridé de cette dernière, notamment vue dans My Salinger Year, de Philippe Falardeau, et aux côtés de sa mère Andie McDowell dans la série Netflix Maid, s’avère sans doute l’élément le plus divertissant de cette désolante pochade.

PHOTO FOURNIE PAR UNIVERSAL

Geraldine Viswanathan, Margaret Qualley et Beanie Feldstein dans Filles en cavale, d’Ethan Coen

Venant de rompre avec Sukie (Beanie Feldstein), policière au caractère bien trempé, Jamie (Qualley), jeune femme à l’esprit libre, propose à sa coloc coincée, Marian (Geraldine Viswanathan), un road trip jusqu’à Tahalassee, en Floride. À la suite d’un malentendu, les deux amies louent l’auto réservée par deux malfrats (C. J. Wilson et Joey Slotnick). Le patron de ces derniers (Colman Domingo) les somme alors de récupérer le précieux contenu de la valise dérobée à un collectionneur (Pedro Pascal) puis cachée dans la voiture. Se greffent à cet échevelé jeu du chat et de la souris une hippie (Miley Cyrus), qui apparaît dans des séquences psychédéliques, et un sénateur conservateur (Matt Damon).

Empruntant aux codes du road movie et des films de sexploitation des années 1970, Ethan Coen et Tricia Cooke signent un film qui échoue lamentablement à nous divertir. Si certaines scènes outrancières parviennent à faire décrocher un sourire, bon nombre des blagues tombent à plat ou provoquent le malaise tant elles semblent avoir été écrites plusieurs décennies auparavant. Le plus embarrassant dans Drive-Away Dolls, c’est la manière dégradante qu’a Ari Wegner, brillante directrice photo de l’éblouissant The Power of the Dog, de Jane Campion, d’éclairer et de cadrer les actrices, notamment dans les scènes, très crues, à caractère sexuel. D’un anachronisme dérangeant.

En salle

Consultez l’horaire du film
Drive-Away Dolls (V.F. : Filles en cavale)

Comédie de mœurs

Drive-Away Dolls (V.F. : Filles en cavale)

Ethan Coen

Margaret Qualley, Geraldine Viswanathan, Beanie Feldstein

1 h 24

4/10