À Tokyo, la vie paisible et minutieusement réglée d’un nettoyeur de toilettes publiques est chamboulée par la visite surprise de sa nièce en fugue.

Depuis 50 ans, le cinéaste allemand Wim Wenders observe la fuite des êtres esseulés, à la recherche du bonheur perdu. Le réalisateur de Paris, Texas et de L’état des choses explore la solitude dans la multitude. Son nouveau film, qui suit le quotidien d’une âme solitaire dans une agglomération de 37 millions d’habitants, en témoigne brillamment !

Sélectionné au dernier Festival de Cannes, en lice pour un Oscar dans la catégorie du meilleur film international, Perfect Days a été tourné à Tokyo. Il marque le retour au Japon de ce cinéaste globe-trotter qui avait réalisé le documentaire Tokyo-Ga en 1985. Avec peu de dialogues et une grande sagesse dans le choix des images et des plans, Wenders signe ici une œuvre de fiction minimaliste et bouleversante.

Le titre fait allusion à une chanson de Lou Reed. Mais aussi à l’état d’âme du personnage central, Hirayama (merveilleux Kōji Yakusho), un homme au sourire radieux et en communion avec la nature. Il mène une vie solitaire et bien rangée : sa routine est réglée comme un rituel !

Hirayama travaille à l’entretien des toilettes publiques au centre de Tokyo, et vit modestement à l’ombre de la tour Tokyo Skytree. Après son travail d’entretien, il va manger et prendre un verre (toujours au même endroit), puis passe ses soirées à lire. Il se passionne aussi pour la photographie et traîne toujours avec lui un vieil appareil photo. En se rendant au travail, il écoute dans sa camionnette des cassettes d’artistes rock des années 1960 et 1970 qu’il collectionne, comme Otis Redding, Patti Smith, The Animals, les Stones, The Velvet Underground...

Wim Wenders a coécrit le scénario avec Takuma Takasaki, pour l’aider à capter l’essence de la culture japonaise. Par exemple, au Japon, les toilettes publiques sont des lieux propres et tranquilles ; un bien commun au service d’un peuple pudique et anxieux, privé et affable. À l’instar du protagoniste, un homme à la fois transparent et mystérieux, défendu avec finesse par Yakusho, primé à Cannes pour son interprétation.

Si le récit se déroule en 2023, le héros semble vivre dans le passé. L’arrivée impromptue de sa nièce adolescente, Niko, en fugue, viendra révéler un côté sombre du personnage. Car cet homme apparemment sans histoires garde une vieille et secrète blessure au fond de son cœur.

À la fin, Hirayama, au volant de sa camionnette, retient ses larmes en écoutant Nina Simone chanter dans la lumière de l’aube. Entre joie et tristesse, on réalise avec lui que « la vie n’est qu’une ombre qui passe ». Heureusement, il y a le cinéma (et la photographie) d’un artiste comme Wenders pour en capter sa belle et riche lumière.

En salle à Montréal et dès le 23 février ailleurs au Québec. À l’affiche en version originale avec sous-titres français et en version originale avec sous-titres anglais.

Consutez l’horaire du film
Perfect Days (V. F. : Les jours parfaits)

Comédie dramatique

Perfect Days (V. F. : Les jours parfaits)

Wim Wenders

Koji Yakusho, Tokio Emoto, Arisa Nakano

2 h 06

8/10