Une veuve se heurte au silence des autorités scolaires lorsqu’elle tente de comprendre le comportement de plus en plus inquiétant de son fils unique.

Depuis la mort de son mari, Saori (Sakura Ando) élève seule son fils unique Minato (Soya Kurokawa). Or, depuis quelque temps, le comportement du jeune garçon l’inquiète de plus en plus. Ce dernier lui pose des questions à propos d’un homme qui serait devenu monstrueux après qu’on lui eut greffé le cerveau d’un porc.

Dans l’espoir d’éclaircir la situation, Saori rencontre la directrice (Yuko Tanata) de l’établissement, qui vient de perdre sa petite-fille, l’enseignant de Minato, Monsieur Hori (Eita Nagayama), et différents membres du personnel scolaire. Bien que tous se confondent en excuses, nul ne dit mot sur ce qui s’est réellement passé. Puis la mère fait la rencontre d’un nouveau camarade de son fils, Yori (Hinata Hiiragi).

Depuis son premier long métrage de fiction, Maborosi (1995), Hirokazu Kore-eda n’avait pas tourné de film dont il n’était pas le scénariste. Il a bien fait d’accepter la proposition de Yuji Sakamoto (Tokyo Eyes, de Jean-Pierre Limosin). Habitué de la Croisette, le lauréat du prix du Jury pour Tel père, tel fils (2013) et de la Palme d’or pour Une affaire de famille (2018) a ainsi pu ajouter à son tableau d’honneur le prix du Meilleur scénario et la Queer Palm au dernier Festival de Cannes.

Empruntant la structure narrative de Rashomon (1950), d’Akira Kurosawa, Monster (Monstre, en version française) raconte en trois points de vue complémentaires successifs, ceux de Saori, de Monsieur Hori et de Minato, la relation entre ce dernier et Yori. Au centre du récit, l’incendie d’un bar d’hôtesses qu’aurait fréquenté l’enseignant. Avec une infime délicatesse, le scénario de Sakamoto délie les fils de l’intrigue, dévoile les malentendus, révèle les véritables intentions de chaque personnage. Avec la même finesse sont explorés différents thèmes, dont la monoparentalité, la condition ouvrière, la lourdeur administrative, le harcèlement scolaire, la marginalité, le passage vers l’adolescence.

Doucement bercé par la dernière bande sonore du regretté Ryuichi Sakamoto (Furyo, de Nagisa Oshima), Monster porte bien la signature de Hirokazu Kore-eda, grand maître des chroniques familiales et peintures de milieu. Avec un souci de justesse rappelant ses débuts dans le documentaire, il signe une mise en scène attentive au moindre détail où les jeunes acteurs s’avèrent d’un naturel confondant. Tout en maintenant avec brio le climat de mystère et d’angoisse dans lequel baigne ce douloureux récit d’apprentissage, il mène patiemment le tout jusqu’à ce que la vérité éclate en douceur.

En salle

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Monster (V. F. : Monstre)

Drame

Monster (V. F. : Monstre)

Hirokazu Kore-eda

Avec Sakura Ando, Soya Kurokawa, Hinata Hiiragi

2 h 06

8/10