Avec patience, tendresse et humanité, le cinéaste Nicolas Philibert s’est penché sur les activités de L’Adamant pour réaliser le portrait de ses patients. Ce centre de jour, installé dans une péniche sur la Seine, accueille des adultes souffrant de troubles psychiques pour leur offrir des ateliers de création, et les aider à renouer avec un monde qu’on dit « normal ». Le résultat donne un film bouleversant et profondément humain.

En 2021, en pleine pandémie, le réalisateur Nicolas Philibert a passé sept mois sur un bateau unique en son genre : L’Adamant. Un centre psychiatrique de jour, installé sur une péniche de bois au centre de Paris. Le lieu est « un vivier de solitudes explosives », a écrit Libération. À la fois œuvre politique et poétique, le film, lauréat de l’Ours d’or au Festival du film de Berlin, est un appel contre la déshumanisation de la psychiatrie moderne.

Si « la lucidité est la blessure la plus rapprochée du soleil » (René Char), la folie est son revers éclatant. Et le documentaire Sur L’Adamant observe avec beaucoup d’humanité et de beauté la frontière trouble, qui nous fait peur, entre folie et lucidité.

« On est peut-être fous, mais on n’est pas idiots », a dit un patient-poète au réalisateur qui s’inquiétait d’instrumentaliser ces gens en faisant un film sur eux. Le film s’attarde à la vie quotidienne des patients et aussi des soignants, qu’on ne distingue pas toujours – à dessein – les uns des autres. Discret, le réalisateur a tourné seul ou avec une équipe réduite (deux, trois ou quatre personnes), pour avoir la confiance de tout le monde.

PHOTO FOURNIE PAR LAPRODUCTION

L’Adamant dans toute sa splendeur

Le film s’ouvre avec un extrait d’un spectacle sur L’Adamant. Un homme livre une intense prestation de la chanson du groupe Téléphone, La bombe humaine. On est happé par la forte charge émotive du chanteur. L’un des « acteurs » du film, tous des personnages attachants, qu’on voit durant le documentaire. Des gens de générations, de personnalités et de parcours fort différents, qu’on suit dans des ateliers de peinture, de musique, d’écriture, de couture, de cuisine, etc. En retrait, le cinéaste laisse toute la place aux propos et confidences de ces malades sous médication. Ainsi qu’à leurs silences évocateurs.

« Quand tu tournes un gros plan de visage, tu perçois le pays », a confié le cinéaste d’À hauteur d’homme, Jean-Claude Labrecque, dans le film Sur les traces de Jean-Claude Labrecque. Des gros plans de visages souriants et inquiétants, il y en a un continent dans ce film. Dans la tradition du cinéma direct, Philibert propose un film essentiel et troublant. Porté par l’écoute, l’empathie et l’entraide. Quelque chose comme une utopie propre au 7art.

Parce que le cinéma sert aussi à panser les blessures d’une humanité souffrante.

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Sur L’Adamant

Documentaire

Sur L’Adamant

Nicolas Philibert

1 h 49

8,5/10