Sans aucune raison, un professeur d’université apparaît dans les rêves de millions de personnes. Sa célébrité fulgurante se transforme en enfer lorsque ses apparitions oniriques deviennent de plus en plus troublantes et qu’il est soudainement honni de tous.

Imaginez Freddy Krueger qui hante les rêves de personnes arbitraires, mais plutôt que d’être défiguré et ganté de lames tranchantes, c’est un homme chauve presque toujours vêtu d’un manteau d’hiver.

C’est un peu ce que devient Dream Scenario à mi-chemin de son récit singulier. Avant d’en arriver là, on rencontre Paul Matthews (Nicolas Cage), professeur de biologie de l’évolution, marié et père de deux filles. Il ne rayonne pas de bonheur, mais il semble satisfait de son poste à l’université et de sa vie de famille.

Un matin, sa plus jeune fille lui raconte qu’elle a rêvé à lui. Elle était en danger et il n’est pas intervenu. Puis, une ex lui fait part d’un songe similaire. Plus tard, un de ses cours est consacré au compte rendu des nuits de sommeil de ses élèves dans lesquelles il figure. Chacune des courtes scènes de rêves est délicieuse et égaie le rythme. Bientôt, le monde entier le voit lorsqu’il ferme les yeux.

Le phénomène incompréhensible le rend extrêmement populaire et Paul en est fort heureux. Son entourage n’est pas tout à fait à l’aise et on réalise l’ampleur du vide dans la vie de l’enseignant. Par sa prémisse particulière, le réalisateur et scénariste norvégien Kristoffer Borgli aborde avec finesse, humour et originalité la célébrité instantanée, la vacuité du marketing des phénomènes viraux, la crise de la cinquantaine et la valeur des bonheurs quotidiens.

Le prolifique et inconstant Nicolas Cage joue ici l’un des meilleurs rôles de sa carrière. À chacune des étapes des curieuses montagnes russes dans lesquelles Paul est involontairement entraîné, l’acteur véhicule la tristesse et l’amertume de son personnage. Bien qu’il ne soit pas responsable de ses apparitions dans les rêves d’étrangers et encore moins responsable de leur faire vivre d’horribles cauchemars, la façon dont il gère la gloire et comment il se pose ensuite en victime est pitoyable et totalement réaliste.

Julianne Nicholson (Blonde, I, Tonya), qui joue sa femme Janet, est également brillante. Éprouvée par la situation, elle démontre avec naturel l’amour sincère qui soude généralement les vieux couples. Michael Cera et Tim Meadows sont aussi très bons dans de petits rôles. Soulignons la performance de Dylan Gelula (la série Unbreakable Kimmy Schmidt) qui, même dans une scène dérangeante, reste convaincante.

En salle

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Dream Scenario (V. F. : Scénario de rêve)

Comédie noire

Dream Scenario (V. F. : Scénario de rêve)

Kristoffer Borgli

Avec Nicolas Cage, Julianne Nicholson, Tim Meadows

1 h 42

8/10