Architecte de la marche sur Washington le 28 août 1963, ami proche de Martin Luther King Jr., Bayard Rustin est l’un des plus grands organisateurs politiques aux États-Unis. Mais ce militant pour l’égalité des droits devra affronter le racisme, l’homophobie et les préjugés. Ceux des Blancs et… des membres de sa propre communauté.

Avec l’aval de Barack et Michelle Obama comme producteurs, le film biographique Rustin, qui sort ce week-end dans quelques salles au pays avant d’atterrir sur Netflix, est un long métrage d’exception ! Ce film réalisé par George C. Wolfe répare une injustice de l’histoire envers un homme qui a consacré sa vie à combattre… l’injustice.

Avec l’appui de Martin Luther King Jr. et de jeunes leaders afro-américains, Rustin a été l’organisateur de la grande marche des Noirs à Washington, il y a 60 ans. Un évènement qui a rassemblé 250 000 personnes sur le Mall, permettant l’adoption de la loi pour les droits civiques par le Congrès américain, l’année suivante.

Et il était aussi homosexuel. Ce qui explique sans doute pourquoi il a été longtemps oublié. Rustin met donc en lumière un double combat : celui pour l’égalité des Noirs, et celui pour vivre sans honte son homosexualité à une époque où « on ne pouvait pas parler de ça ».

Cinq ans avant Stonewall, Bayard Rustin défie l’autorité et le puritanisme. Il refuse de s’excuser pour ce qu’il est : « Le jour où je suis né avec la peau noire, je suis aussi né homosexuel », dira-t-il à King, après avoir été dénoncé publiquement comme un « pervers » par un représentant, noir et démocrate, au Congrès. Or, Martin Luther King va le défendre et le garder comme organisateur de la marche.

Si Rustin traite d’un élément important de l’histoire des Noirs qui a été enterré trop longtemps, le film offre aussi à son interprète principal l’occasion de livrer une performance extraordinaire ! Colman Domingo (Ma Rainey’s, Zola, Euphoria) incarne un homme complexe. À la fois fort et vulnérable, brillant et tourmenté, solidaire et solitaire. Cette performance bouleversante vaudra sans doute à Domingo une sélection aux Oscars dans la catégorie du meilleur acteur dans un rôle principal.

Scénarisé par Julian Breece et Dustin Lance Black (Milk), Rustin rappelle un aspect important des mouvements sociaux avant l’arrivée de l’intersectionnalité : l’union fait la force. Dans les années 1950, Rustin a été un organisateur syndical. Il va donc se servir de son passé de militant pour réunir à Washington toutes les forces progressistes des États-Unis : Blancs et Noirs, pauvres et riches, ouvriers et intellectuels, jeunes et vieux, politiciens et religieux. Il convaincra même 1200 policiers noirs de surveiller le rassemblement pacifique… sans avoir leurs armes avec eux ! Une belle leçon d’histoire.

En salle à la Cinémathèque québécoise en version originale anglaise à partir du 4 novembre ; puis sur Netflix dès le 17 novembre.

Rustin

Drame biographique

Rustin

George C. Wolfe

Colman Domingo, Chris Rock, Jeffrey Wright

1 h 42
En salle, et sur Netflix le 17 novembre

8/10