Au cinéma, le drame biographique politique est un genre casse-gueule dont le nombre d’exemples, heureux ou malheureux, est si élevé qu’on pourrait en faire un festival. Pensons à La dame de fer de Phyllida Lloyd, à De Gaulle de Gabriel Le Bomin, à W. d’Oliver Stone ou au salué The Queen de Stephen Frears.

Tiens ! Justement, la comédienne britannique Helen Mirren, oscarisée pour son interprétation d’Élisabeth II dans The Queen, se glisse ici dans la peau de Golda Meir, première ministre d’Israël (1969-1974).

Fidèle à elle-même, la comédienne est juste et remarquable dans ce rôle de femme politique qui, isolée dans un monde d’hommes et écrasée de responsabilités, broie du noir, fait des cauchemars, entend ses soldats mourir en direct sur les ondes radio, ne sourit jamais et trouve le réconfort dans une consommation hallucinante de cigarettes.

Mais la guerre contre le monde arabe n’est pas la seule que mène la première ministre. Un lymphome la guette, et elle subit des traitements de radiothérapie dans un hôpital où elle entre par la morgue pour ne pas être aperçue.

On aura compris que la mort rôde partout dans ce film réalisé par l’Israélien Guy Nattiv, récompensé en 2018 de l’Oscar du meilleur court métrage de fiction pour Skin.

Ici, le cinéaste prend parti pour Israël, victime dans le conflit, et pour Mme Meir, victime dans les méandres du gouvernement de coalition qu’elle porte à bout de bras. Le réalisateur est quand même capable de nuances, notamment lorsque la première ministre, après l’encerclement de la 3e Armée égyptienne, se dit prête à faire massacrer les 30 000 soldats pris au piège et créer « une armée de veuves et d’orphelins » si l’ennemi voisin ne pose pas un genou à terre.

L’œuvre a cette qualité de faire appel aux cinq sens des protagonistes pour explorer l’atmosphère explosive dans laquelle ils baignent de la première à la dernière seconde. Gros plans sur les yeux, les mains, la peau, les cheveux, la bouche, les pieds, sans oublier le nez (de l’héroïne) pour faire comprendre que le stress et le mal-être sont aussi physiques. Du beau travail, notamment dans la prise de son tonitruante.

Un mot enfin sur le jeu de Camille Cottin, tout en retrait mais très présente, dans le rôle de Lou Kaddar, assistante de la première ministre. A contrario, Liev Schreiber n’a pas su nous convaincre dans celui du secrétaire d’État américain Henry Kissinger.

Golda est présenté seulement en version originale anglaise.

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Golda

Drame biographique

Golda

Guy Nattiv

Helen Mirren, Camille Cottin et Rami Heuberger

1 h 40
En salle

7/10