À Bucarest, en 1972, une adolescente de 17 ans rejoint ses amis lors d’une fête où l’on écoute Radio Free Europe, une radio clandestine où l’un des animateurs est un compatriote expatrié avec qui le groupe espère correspondre. Jusqu’à ce que débarque la Securitate, la police secrète du régime Ceaușescu…

La vigueur du cinéma roumain, constante depuis une vingtaine d’années, a de quoi impressionner. Venu du documentaire, ayant aussi travaillé auprès de Cristian Mungiu (R.M.N) et Corneliu Porumboiu (Les siffleurs), Alexandru Belc propose son premier long métrage de fiction, lequel partage avec ceux de ses illustres compatriotes cette façon de traduire dans un contexte rigoureusement réaliste une histoire inventée.

Le réalisateur de Radio Metronom a vécu ses premières années d’enfance sous le régime dictatorial de Nicolae Ceaușescu, mais n’était pas encore né à l’époque qu’évoque son film. Cette volonté d’explorer cette quête de liberté d’une jeunesse obligée de chercher clandestinement son appel d’air au milieu des années les plus sombres du régime a quelque chose de foncièrement émouvant.

En 1972, le vent de contestation qui frappe le monde atteint bien sûr la jeunesse roumaine, en outre grâce à une émission de Radio Free Europe, diffusée clandestinement au pays de Nadia Comaneci. On y fait notamment entendre la musique populaire en Occident, interdite derrière le rideau de fer.

Belc raconte ces années de plomb à travers le parcours d’Ana (formidable Mara Bugarin), une adolescente âgée de 17 ans. Amoureuse d’un garçon qui, de son côté, compte bien fuir le pays dès qu’il le pourra, Ana se rend à une fête organisée chez une amie, où, comme le font tous les jeunes Roumains ou presque, on écoute la radio clandestine en dansant sur les tubes rock occidentaux du moment. Instant d’abandon que le cinéaste capte avec attention, tout juste avant que la réalité vienne frapper de plein fouet.

Alertée (mais par qui ?), la Securitate (la police secrète de Ceaușescu) fait irruption dans l’appartement et embarque tout le monde. À partir de là, le récit se concentre sur l’innocence perdue des jeunes protagonistes et sur la façon dont s’y prend une police politique pour maintenir son autorité.

L’approche très pudique – limite austère – du cinéaste empêche peut-être le spectateur d’adhérer pleinement au drame qui se joue, mais Radio Metronom a assurément le mérite de nous exposer à une page d’histoire qu’on espère à jamais tournée. Mais en est-on bien certain ?

Lauréat l’an dernier du prix de la mise en scène de la section Un certain regard du Festival de Cannes, Radio Metronom est à l’affiche en version originale roumaine avec sous-titres français.

En salle

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Radio Metronom

Drame

Radio Metronom

Alexandru Belc

Avec Mara Bugarin, Şerban Lazarovici, Vlad Ivanov

1 h 42

7/10