À la suite d’un accident dans lequel leurs parents sont impliqués, un poète retiré du monde et sa sœur actrice, tous deux à l’orée de la cinquantaine, sont obligés de se revoir, même s’ils éprouvent l’un pour l’autre un sentiment de haine depuis plus d’une vingtaine d’années.

En droite ligne avec Rois et reine (2004) et Un conte de Noël (2008), qui s’adonnent aussi à être deux de ses plus beaux fleurons, Frère et sœur sera assurément l’un des films phares dans l’œuvre d’Arnaud Desplechin, au même titre que les deux autres. Le réalisateur de Tromperie, en collaboration avec Julie Peyr, sa coscénariste attitrée, n’utilise pas les mêmes personnages que dans les opus mentionnés plus haut (nous sommes cependant encore chez une famille nommée Vuillard), mais on retrouve ici une indéniable communauté d’esprit.

L’un des éléments faisant de cette chronique familiale une belle réussite est que l’estimé cinéaste concentre cette fois son attention sur deux protagonistes. Ces derniers sont évidemment entourés de personnages périphériques intéressants, mais Frère et sœur n’a rien du film choral. Cette façon de recentrer le récit permet ainsi à Arnaud Desplechin d’explorer vraiment les subtilités d’un thème aussi difficile que fascinant : la haine viscérale entre deux membres d’une même famille.

Le prologue donne tout de suite le ton. Louis (Melvil Poupaud) vient de perdre son garçon de 6 ans et pique une crise dès qu’il aperçoit son beau-frère, venu offrir ses condoléances, alors que sa sœur Alice (Marion Cotillard) reste en retrait à l’extérieur. Cinq ans plus tard, ces deux « ennemis » risquent de se croiser de nouveau au moment où leurs parents tentent de se remettre d’un grave accident de la route, provoqué par deux conducteurs de véhicules ivres.

Grâce à des plans magnifiques, de beaux élans romanesques, des dialogues en voix hors champ, et, il va sans dire, des interprétations remarquables de Marion Cotillard et de Melvil Poupaud, le réalisateur de Roubaix, une lumière s’engage dans les méandres d’un conflit entre deux intimes, à travers lequel ces derniers se définissent étrangement l’un par rapport à l’autre, sans même connaître la source de leur ressentiment ou s’en souvenir. Pourront-ils en sortir ? Et si oui, comment ?

Frère et sœur est actuellement à l’affiche. Il sera également offert sur Crave dès le 13 novembre.

Frère et sœur

Drame

Frère et sœur

Arnaud Desplechin

Avec Marion Cotillard, Melvil Poupaud, Golshifteh Farahani

1 h 48

8/10