Alors que les États-Unis entrent dans l’ère Reagan, au début des années 1980, un préadolescent issu d’une famille juive de Queens est placé devant la réalité du monde quand ses parents l’inscrivent dans un établissement scolaire privé.

Après deux longs métrages – très réussis – campés dans des univers complètement inédits pour lui, The Lost City of Z et Ad Astra, James Gray est de retour au style ayant fait de lui l’un des cinéastes américains indépendants les plus acclamés, dès son arrivée avec Little Odessa et The Yards.

Cette fois, le réalisateur de Two Lovers (probablement le long métrage le plus sous-estimé de sa carrière) s’inspire de sa propre histoire pour offrir son film le plus personnel à ce jour. À travers le parcours de son jeune alter ego, qui découvre à l’âge de la préadolescence comment la société américaine est profondément divisée, James Gray explore du même coup l’évolution de cette division sociale et politique, laquelle semble maintenant coincée dans une impasse.

Le titre du film est une variation de la chanson de Willie Williams Armagideon Time, reprise par The Clash. Il évoque également une déclaration de Ronald Reagan remontant à 1980, époque dans laquelle le récit est situé. Alors candidat à la présidence, ce dernier a déclaré que l’Amérique était socialement menacée de l’Armageddon…

L’histoire relate le parcours d’un jeune garçon, Paul (Banks Repeta), dont la vie change le jour où ses parents (Anne Hathaway, Jeremy Strong) décident de l’inscrire dans une école privée, après qu’il eut été surpris en train de fumer un joint avec son ami Johnny (Jaylin Webb) dans les toilettes de l’école publique qu’il fréquente. Cette cassure permet au cinéaste d’explorer les notions du privilège blanc. Johnny, jeune Afro-Américain vivant pauvrement avec sa grand-mère, est d’évidence beaucoup plus surveillé que ses autres camarades de classe. Aussi, les discours entendus à l’établissement privé que fréquente déjà le frère aîné de Paul, prononcés notamment par des membres de la famille Trump (dont Fred, père de Donald), très influente à Queens, ne laissent planer aucun doute sur l’orientation souhaitée par les élites de la société pour les années à venir. Cet aspect est d’ailleurs le plus intéressant du récit, avec, aussi, celui évoquant le lien privilégié qu’entretient Paul avec son grand-père (Anthony Hopkins), patriarche de cette famille juive d’ascendance ukrainienne ayant vécu un temps à Liverpool avant d’émigrer aux États-Unis.

Étonnamment, Armageddon Time (Le temps de l’Armageddon en version française), en lice pour la Palme d’or au Festival de Cannes, n’atteint pas dans l’ensemble la puissance d’évocation attendue. Un peu comme si James Gray avait choisi une approche tout en demi-teintes, laquelle fait en sorte que son film manque finalement un peu d’éclat.

Armageddon Time (V. F. : Le temps de l’Armageddon)

Drame

Armageddon Time (V. F. : Le temps de l’Armageddon)

James Gray

Avec Banks Repeta, Anne Hathaway, Anthony Hopkins

1 h 55 En salle

6/10

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