Le tournage dans un bâtiment désaffecté d’un film de zombies destiné à être diffusé en direct sur un site japonais, réalisé en un seul plan-séquence, vire à la catastrophe. Entre techniciens blasés et acteurs peu motivés, seul le réalisateur semble investi de l’énergie nécessaire pour donner vie à ce film d’horreur produit avec très peu de moyens.

Il y a 10 ans, Michel Hazanavicius a fait preuve d’audace en proposant The Artist, un film en noir et blanc, sans dialogues, qui lui a finalement valu l’Oscar de la meilleure réalisation. Avec Coupez !, le réalisateur des deux premières aventures cinématographiques d’OSS 117 au XXIe siècle prend une autre forme de risque : celle du malentendu.

Un spectateur qui ne saurait rien de ce qu’il s’apprête à voir pourra en effet craindre le pire. Au cours des 30 premières minutes de Coupez !, on propose un film de zombies tourné en plan-séquence, mal joué, mal réalisé, où tout sonne faux. L’astuce de ce remake de Ne coupez pas !, un film de fin d’études de Shin’ichirô Ueda, devenu culte auprès des admirateurs de cinéma de genre, se révèle dans les deux autres parties du récit.

Après la présentation du film raté, Michel Hazanavicius remonte à l’étape de la préparation avec tous les artisans, y compris une productrice japonaise interprétée par Yoshiko Takehara, déjà vue dans l’original. Cette dernière exige en outre que les noms de tous les personnages, joués par des comédiens français, soient les mêmes que dans la version japonaise…

Le dernier acte – le plus intéressant et le plus drôle – est ensuite consacré au making of du mauvais film qu’on a vu au début. C’est dire que le même plan-séquence, orchestré pour être diffusé en direct sur un site spécialisé, est présenté sous d’autres angles, depuis les coulisses. Le spectateur est alors témoin de tout ce qui s’est mal passé pour en arriver à un si piètre résultat. C’est très habile.

Appuyé par une distribution de haut vol (être à la fois faussement mauvais et vraiment bon ne relève pas de l’évidence !), Michel Hazanavicius, qui s’inspire souvent de différentes formes de cinéma dans ses longs métrages, propose cette fois une espèce d’hommage à tous ces artisans anonymes qui font rouler une industrie parallèle nichée, loin des grands festivals et des remises de prix. C’est très réussi, pour peu qu’on ait la patience de passer à travers la première partie !

> Consultez l’horaire du film

Coupez !

Comédie d’épouvante

Coupez !

Michel Hazanavicius

Avec Romain Duris, Bérénice Bejo, Grégory Gadebois

1 h 50

7,5/10