Dernier volet d’une trilogie « involontaire » que Stéphane Brizé consacre au monde du travail, Un autre monde se place cette fois du côté du patronat. Après avoir incarné un ouvrier au chômage dans La loi du marché (qui lui a valu un prix d’interprétation au Festival de Cannes en 2015), puis un syndicaliste dans En guerre, Vincent Lindon, toujours brillant, se glisse cette fois dans la peau d’un cadre d’entreprise.
Stéphane Brizé a ce don de plonger d’entrée de jeu le spectateur dans une situation très réaliste, cette fois en le faisant entrer dans un cabinet d’avocats, où l’on tente de régler les détails d’un processus de divorce entre Philippe (Vincent Lindon) et Anne (Sandrine Kiberlain). Leur relation s’est détériorée au fil des ans, notamment à cause des exigences professionnelles découlant de la fonction qu’occupe Philippe. Les accents de vérité de cette séquence sont saisissants.
En fait, Stéphane Brizé dresse le portrait d’un homme en pleine remise en question, dans tous les domaines de son existence. Parallèlement à ce qui se passe dans sa vie privée, Philippe doit aussi gérer un problème d’ordre professionnel. Dans l’entreprise pour laquelle il travaille, filiale française d’un grand groupe industriel international, il doit organiser une restructuration imposée par la direction américaine, laquelle fera de lourds dégâts sur le plan humain.
Fidèle à l’approche empruntée dans les deux longs métrages précédents, le cinéaste français orchestre des discussions passionnantes entre les différents intervenants, musclées sur le plan professionnel (très belle performance de Marie Drucker, surtout connue comme journaliste), émouvantes sur le plan personnel. Face à Vincent Lindon, Sandrine Kiberlain est particulièrement bouleversante, dans un film évoquant avec grande justesse la nouvelle réalité du monde du travail.
Lancé à la Mostra de Venise l’an dernier, Un autre monde est actuellement à l’affiche.
Drame
Un autre monde
Stéphane Brizé
Avec Vincent Lindon, Sandrine Kiberlain, Anthony Bajon
1 h 36
En salle