Exaspérée par les chicanes entre ses parents, une jeune de 12 ans manigance avec ses amis pour les pousser à divorcer.

Avec son premier long métrage, la réalisatrice Sandrine Brodeur-Desrosiers s’adresse à un public souvent oublié par le cinéma québécois au cours des dernières années : les préadolescents. Mis à part Les pee-wee 3D – L’hiver qui a changé ma vie, La gang des hors-la-loi et Le journal d’Aurélie Laflamme, quels films récents leur étaient spécifiquement destinés ? On continue de chercher.

Il est donc fort rafraîchissant de voir arriver en salle Pas d’chicane dans ma cabane. La réalisatrice, récompensée à Berlin en 2019 pour son court métrage Juste moi et toi, et sa coscénariste, Maryse Latendresse, réussissent un véritable travail d’équilibriste en proposant une histoire ni trop enfantine ni trop mature.

De nombreux éléments feront d’ailleurs rêver les jeunes de 9 à 12 ans en quête d’une plus grande autonomie : des réunions secrètes dans une cabane, une bataille de pizza (au ketchup !), des séances d’espionnage ou encore des visites nocturnes à l’insu des parents (vive les fenêtres et les échelles).

Une scène symbolise particulièrement l’affirmation de soi qui marque le passage de l’enfance à l’adolescence : celle du tribunal pendant le spectacle de fin d’année. Fatiguée d’entendre son père (Pierre-Luc Brillant) et sa mère (Isabelle Blais) se chicaner, Justine (Charlotte St-Martin) souhaite les voir se séparer. Sa suggestion étant déclinée par les principaux intéressés, elle décide de se faire justice elle-même en organisant le procès de ses géniteurs avec l’aide de quatre amis.

Ce moment où Justine révèle sa tristesse devant les élèves et les parents de l’école est à la fois émouvant et très puissant. On sent d’ailleurs tout au long du film ce souci de Sandrine Brodeur-Desrosiers de donner la parole aux jeunes, notamment en les rendant maîtres d’un sujet sur lequel, dans la réalité, on les laisse rarement s’exprimer. Combien d’enfants ont eu leur mot à dire quand leurs parents se sont séparés ? Certainement pas la majorité.

Pour ce faire, la réalisatrice peut compter sur des acteurs qu’on a peu vus sur nos écrans et qui ont bien su s’approprier leur personnage (Liam Patenaude, Charlie Fortier, Simone Laperle et Louka Amadeo Bélanger-Leos). Dans le rôle principal, Charlotte St-Martin se démarque, jouant avec justesse cette jeune fille déterminée, fonceuse, mais aussi fragile.

Si le divorce est un sujet sérieux, le propos de ce bon divertissement familial n’est ni déprimant ni moralisateur. On y sent surtout la volonté de prôner une meilleure communication entre les parents et les enfants, tant sur le grand écran que dans la vie de tous les jours. Et ce, que les familles soient nucléaires, monoparentales ou recomposées.

Pas d’chicane dans ma cabane !

Comédie dramatique

Pas d’chicane dans ma cabane !

Sandrine Brodeur-Desrosiers

Avec Charlotte St-Martin, Liam Patenaude, Charlie Fortier, Isabelle Blais et Pierre-Luc Brillant

1 h 23 En salle

6/10

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