Le troisième opus de la franchise Kingsman explore les intrigues en haut lieu et les évènements sanglants qui ont entraîné la création de l’agence de renseignements indépendante à la fin de la Première Guerre mondiale.

En 2014, les agents secrets tirés à quatre épingles de l’agence Kingsman ont causé la surprise dans ce qui se voulait un pastiche des films de James Bond de l’ère de Sean Connery, dans les années 1960. Dans la suite, lancée en 2017, Matthew Vaughn a de nouveau multiplié les scènes sanguinolentes et a poussé plus loin la parodie, mais avec moins de succès. Il revisite cette fois-ci le concept sous un angle différent et de façon plus dramatique, levant le voile sur la fondation de l’agence dans l’arrière-boutique d’un chic magasin de vêtements pour hommes, à Londres, il y a un siècle.

Ralph Fiennes (The Grand Budapest Hotel, Schindler’s List), excelle dans le rôle du duc d’Oxford, qui surprotège son fils unique Conrad (Harris Dickinson). Pacifiste, l’aristocrate de haut rang est mêlé aux jeux de coulisses entre le roi d’Angleterre George V, l’empereur allemand Guillaume II et le tsar de Russie Nicolas II, tous trois interprétés par Tom Hollander (Bohemian Rhapsody, Bird Box). Certaines libertés ont été prises, puisque contrairement à ce qui est avancé, seulement deux des trois monarques étaient des petits-fils de la reine Victoria, tandis que le troisième (le tsar) l’était par alliance. Mais leurs liens familiaux et leurs luttes de pouvoir, bien réels, sont mis à profit, tout comme les dangers qui les guettaient en cette époque turbulente.

Dans ce cadre fertile en rebondissements, Matthew Vaughn (Kick-Ass, X-Man First Class), qui a cosigné le scénario avec Karl Gajdusek (Stranger Things), présente un groupe de mercenaires, menés par un fanatique, dont l’identité n’est dévoilée qu’à la fin. Chacun a ses propres motivations et ses entrées dans les palais royaux et la Maison-Blanche. Celui qui se distingue le plus est sans équivoque le charismatique moine russe Raspoutine, interprété avec brio par Rhys Ifans (Harry Potter, The Amazing Spider-Man). Ses échanges pleins de sous-entendus avec le jeune Conrad, une proie facile, et son père, autour de la table dressée avec faste pour un dîner des Fêtes, mènent à une scène de combat spectaculaire au son de l’Ouverture solennelle 1812 de Tchaïkovsky et de musique traditionnelle russe. Wow !

Les décors sont magnifiques, particulièrement dans les scènes tournées dans le palais royal de Turin. Tout au long du film, par ailleurs, il est amusant de remarquer plusieurs références aux deux premiers films de la franchise, inspirée des bandes dessinées de Mark Millar et Dave Gibbons.

Bien sûr, certaines scènes d’action sont de toute évidence arrangées avec le gars des vues, mais elles apportent une bonne dose d’humour. Elles font contrepoids aux combats violents que se livrent les antagonistes. Matthew Vaughn fait ressortir de façon brutale l’horreur de la Première Guerre mondiale, pour mieux souligner sa futilité. Il parvient tout de même à mettre au premier plan l’amour profond que le duc d’Oxford éprouve pour son fils et les liens étroits qu’il a avec deux fidèles employés (Gemma Arterton et Djimon Hounsou), qui l’épaulent. La table est mise pour une suite.

Présenté en salle en version anglaise et doublée en français

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The King’s Man (v. f. : Kingsman : Première mission)

Action / aventure

The King’s Man (v. f. : Kingsman : Première mission)

Matthew Vaughn

Avec Ralph Fiennes, Gemma Arterton, Rhys Ifans

2 h 11

7/10