Délicieux, film culinaire campé dans la France rurale du XVIIIsiècle, possède tous les attributs nécessaires pour devenir un film grand public des plus populaires.

D’abord parce que ce nouveau long métrage d’Éric Besnard (L’esprit de famille, Le goût des merveilles) parle, avec un amour certain, de bouffe. Et la bouffe, on aime ça ! Ensuite, parce que ses personnages principaux sont bien interprétés et mis en opposition les uns avec les autres, ce qui permet de maintenir une tension jusqu’à la fin de l’histoire. Et aussi parce qu’il aborde un des chapitres les plus importants de l’histoire de France, la Révolution de 1789.

Mais avant tout, Délicieux va faire la conquête des cœurs en raison de son approche visuelle d’une beauté inouïe.

Sa direction photo et sa direction artistique sont exceptionnelles. Chaque plan de ce film, autant dans les scènes intérieures qu’extérieures, a été longuement étudié. La lumière est ici un personnage à part entière. Les scènes nocturnes font la fête aux clairs-obscurs.

Et comme il y a beaucoup de nourriture, plusieurs plans s’inspirent de natures mortes de grands peintres. Les artisans du film donnent en exemple Jean-Siméon Chardin. On peut évoquer d’autres maîtres : Anne Vallayer-Coster, Gustave Courbet, Willem Claeszoon Heda… Ailleurs, dans des plans plus larges, on reconnaît la lumière des tableaux de Vermeer. C’est magnifique !

En fait, le scénario du film sert très bien de canevas pour jouer avec tous les éléments techniques. Et vice versa.

PHOTO FOURNIE PAR MÉTROPOLE FILMS

Louise (Isabelle Carré) et Manceron (Grégory Gadebois) dans une scène du film

L’histoire ? À la veille de la Révolution française, Manceron (Grégory Gadebois), cuisinier ayant perdu son poste auprès d’un duc exigeant et méprisant, rencontre Louise (Isabelle Carré), une femme à la fois errante et porteuse de mystères qui insiste pour devenir son apprentie. Ensemble, et avec quelques proches, ils mettront sur pied ce qui deviendra le premier restaurant.

En vérité, l’émergence des restaurants se fera dans d’autres conditions. Mais le film conserve une part importante de vérité, en ce sens que le concept est ici présenté comme un vecteur de démocratisation et d’émancipation des masses populaires face à la tyrannie des puissants.

Un passage du film évoque magnifiquement cette tyrannie. Décrétant que « tout ce qui est sous terre est ignoble », un évêque rejette un plat fait par Manceron avec… des truffes ! Et des pommes de terre !

Les auteurs ayant fait leurs recherches, on nous enseigne au début du film que bien manger était autrefois la chasse gardée des nobles et que les rares auberges et relais routiers n’étaient nullement des lieux de plaisirs et d’échanges. On n’y mangeait pas ; on se nourrissait à la hâte pour mieux repartir.

Pour des raisons scénaristiques, la gargote nouveau genre qu’ouvrent Manceron, son fils Benjamin (Lorenzo Lefebvre) et Louise est le lieu de toutes les inventions : le sucré en dessert, le pain tranché et les frites. Un peu plus et ils proposaient le service au volant (version calèche, il va sans dire).

On passera par-dessus ces exagérations. Tout comme on passera par-dessus la prévisible amourette entre les deux héros ainsi qu’un très léger décalage historique sur l’invention de la montgolfière.

On ira donc voir Délicieux comme on va manger à son resto préféré. Pour le plaisir ! Et parce que tous nos sens sont mis en éveil.

En salle.

Délicieux

COMÉDIE HISTORIQUE

Délicieux

Éric Besnard

Avec Grégory Gadebois, Isabelle Carré, Lorenzo Lefebvre

1 h 53

7/10

Consultez l’horaire du film