En moins d’une décennie, Mariana Mazza s’est hissée au sommet du palmarès des artistes populaires au Québec. Ses nombreux fans apprécient l’humoriste polyvalente, charismatique et archidouée. Dans Maria, on découvre une excellente interprète à l’écran, branchée sur son cœur, carburant à l’instinct. Un premier film qui lui ressemble beaucoup. Avec ses qualités et ses défauts.

Dans Maria, Mariana Mazza incarne une femme immature de 30 ans qui habite chez sa mère à Laval (Isabel Dos Santos, très juste). Et qui se cherche désespérément. Sans emploi ni amoureux, elle peut toujours compter sur ses deux bonnes amies et confidentes (Florence Longpré et Alice Pascual, deux merveilleuses actrices qui sont ici sous-utilisées).

Au début du film, Maria apprend que sa mère est atteinte d’un cancer incurable. Poussée par l’insistance de la « madre » qui veut voir sa fille s’épanouir avant son trépas, Maria décide de se prendre en main. Malgré son inexpérience, la jeune femme trouve un poste de suppléante dans une école secondaire. La directrice de l’établissement (Korine Côté) lui confie illico les rênes d’une classe d’élèves de 13 ans ; environ l’âge mental de la nouvelle enseignante… Une situation qui rappelle le canevas de School of Rock, avec Jack Black.

Apprendre à s’aimer

Ni chef-d’œuvre ni fiasco, Maria est un bon premier film porté par Mariana Mazza. La comédienne joue dans toutes les scènes et porte la production sur ses épaules. Cette comédie s’adresse bien sûr à ses fans, mais pas uniquement.

Réalisé sobrement, voire trop sagement, par Alec Pronovost, le récit de Maria s’éparpille un peu en chemin.

Mariana Mazza et sa coscénariste, Justine Philie, semblent avoir plus d’idées que d’inspiration. Leur scénario n’a pas de véritable fil rouge. Ou plutôt, il y a trop de fils ! On a l’impression de voir trois films en un : l’histoire de la relation de Maria avec sa mère mourante, une autre sur ses amitiés en dents de scie, et finalement l’histoire de l’apprentissage de Maria avec son nouvel emploi et ses élèves à l’école.

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Scène du film Maria

Durant 90 minutes, Maria navigue entre l’humour franc et cru de la créatrice de Femme ta gueule et la légèreté des comédies de mœurs américaines. Entre les sketchs avec la cantinière de l’école (Christine Morency) qui, sans aucune raison, ne peut pas sentir Maria, et la douce critique sociale du milieu de l’éducation, le récit fait de grands écarts scénaristiques. Maria aborde aussi trop de thèmes – l’intimidation, la grossophobie, la sexualité, le deuil, les classes sociales, la famille, etc. – qui nous éloignent de la quête identitaire de Maria, le véritable sujet du film.

À l’instar de son interprète, Maria sacre et parle fort, rit des vulves et des pénis, en tournant tout en dérision, pour cacher son immense maladresse dans la vie. Or, sous son épaisse carapace, le personnage est au fond bienveillant. Il veut seulement être aimé. Or pour cela, Maria devra apprendre, comme les jeunes de sa classe, à se faire confiance et à s’aimer.

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Maria, d'Alec Pronovost

Comédie
Maria
Alec Pronovost
Avec Mariana Mazza, Florence Longpré, Alice Pascual
90 minutes
★★★