Chorégraphe américain doué d’un immense talent, Alvin Ailey a vécu une trop courte vie marquée par l’exclusion, l’absence du père et la dépression. Ce documentaire à caractère immersif propose un voyage unique dans son art célébré partout dans le monde et l’impact qu’il a eu sur les artistes afro-américains.

Présenté au début de 2021 au festival Sundance, Ailey est un documentaire qui ne perd pas de temps à nous plonger dans un univers hors du commun : celui du (osons le mot) génial chorégraphe Alvin Ailey.

Les images d’archives utilisées par la cinéaste Jamila Wignot pour faire connaître le travail de ce créateur installé à New York sont éloquentes à ce sujet. La danse contemporaine sous Ailey est foisonnante, sensuelle tout en étant politique, recherchée tant dans ses costumes et ses accessoires que dans ses arrangements. C’est la grâce du geste, du mouvement, de l’expression corporelle.

PHOTO FOURNIE PAR ENTRACT FILMS

Une des chorégraphies d’Alvin Ailey

On aurait très bien vu la troupe d’Ailey débarquer à Montréal pour Expo 67 et repartir triomphante et conquérante. Une petite recherche nous indique toutefois que son premier passage remonte à janvier 1979 à la Place des Arts. Les spectateurs du temps ont quand même eu la joie de voir quelques-uns de ses grands classiques, incluant le spectaculaire Revelations dont quelques extraits émaillent ce documentaire.

Sur le plan strictement artistique, le lecteur aura compris que ce film nous a emballé. Le reste, c’est-à-dire la portion plus personnelle sur la vie d’Ailey, nous a plu tout autant. Même si elle se conjugue à plusieurs éléments tragiques.

Né au début de 1931, Ailey a eu comme père un fuyard. Sa mère s’est éreintée comme travailleuse dans les champs de coton. Chez lui, ce n’est pas la prospérité, mais la misère qui était au coin de la rue.

Ces épreuves ont sans doute nourri l’élan créatif d’Ailey qui a trouvé sa voie et créé sa compagnie, la American Dance Theater, en 1958. Le film rappelle que l’école fut et est encore (car elle existe toujours) un lieu de création, d’expression et d’égalité. Les jeunes artistes noirs y ont trouvé une bulle créative tout autant qu’un espace de liberté, à l’abri du racisme et de la ségrégation.

Vers la fin de sa vie, Ailey a vécu des problèmes de dépression. Mort du sida le 1er décembre 1989, il a vécu son homosexualité à l’abri des regards, notamment celui de sa mère. Plusieurs anciens collaborateurs et danseurs de la troupe en témoignent, sans jugement et avec une bonne dose de franchise à la caméra. Leurs commentaires alternent avec des archives visuelles et des séquences tournées aujourd’hui dans cette école de la 55Rue, à New York.

Un film remarquable pour un homme remarquable, voilà ce qu’est Ailey.

Dès ce vendredi au Cinéma du Parc, en version originale anglaise seulement

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Ailey, de Jamila Wignot

DOCUMENTAIRE
Ailey
Jamila Wignot
Avec Alvin Ailey (archives), Judith Jamison et George Faison
1 h 35
★★★½