Entre la fin des années 60 et le début des années 80, deux familles du peuple amérindien wayuu se heurtent et se réconcilient à répétition autour de la vente de marijuana à de jeunes Américains. Ainsi naissent les cartels de la drogue.

Non, nous ne sommes pas ici dans cet inoffensif jeu-questionnaire diffusé depuis plus de 40 ans à la télévision américaine. C'est tout le contraire. Les oiseaux de passage est un film cru, violent, impitoyable, dépouillé de toute esthétique léchée et racoleuse. Des attributs qui en font justement un très bon film sur la genèse des cartels de la drogue en Colombie.

L'histoire se déploie autour de deux familles du peuple wayuu (la plupart des dialogues, sous-titrés, sont dans ce dialecte musical) liées par le commerce de la drogue et par le mariage de deux jeunes gens, Zaida (Natalia Reyes) et Rapayet (José Acosta). Leurs tentatives de vivre dans une paix relative sont constamment remises en question pour des raisons de trahison, de déshonneur, d'agressions.

Si, au départ, la famille d'un fautif rembourse l'autre par quelques vaches et chèvres, les enchères montent à mesure que le temps passe. On finit par régler les conflits à coups de liasses de dollars et de meurtres.

Ce volet de l'histoire criminelle sud-américaine est raconté avec une mise en scène extrêmement efficace. Les comédiens sont remarquables dans leur façon de jouer en retenue toutes les formes de sentiments. À commencer par Carmina Martinez dans le rôle d'Ursula, matriarche par qui passent toutes les décisions.

À la direction photo, on retiendra quelques plans larges inoubliables du désert colombien. On s'amuse enfin de voir l'évolution des moeurs des familles. Ainsi, avec les profits de la drogue, la famille de Rapayet fait construire une vaste maison moderne totalement isolée en plein désert.

Les oiseaux là-dedans ? Ils ramènent le spectateur aux rituels et vieilles croyances des Wayuu. Leurs passages annoncent quelques bonnes nouvelles. Et beaucoup de malheurs.

DRAME 

Trois étoiles et demi

Les oiseaux de passage

Cristina Gallego et Ciro Guerra

Avec Carmina Martinez, José Acosta, Natalia Reyes

2 h 05

PHOTO FOURNIE PAR THE ORCHARD

Les oiseaux de passage, de Cristina Gallego et Ciro Guerra