Il y a le «Bouh!» destiné à faire peur. Et le «Bouh!» de ceux qui huent. Eh bien, il y a des deux dans Lights Out que David F. Sandberg a réalisé à partir de ce qui était au départ un court métrage. Et qui aurait dû le rester.

L'idée avait du potentiel: un esprit malfaisant apparaît et sévit lorsque les lumières sont éteintes. Dans le noir. Vous allumez et pfft! il disparaît. Il ne restait qu'à trouver une histoire sur laquelle la coller. Ça n'a pas été fait.

L'épouvante, l'horreur, la terreur, c'est tout sauf n'importe quoi. Ces récits répondent à des codes et possèdent une logique solide, comme le savent les fans de Fantasia... qui étaient écroulés de rire lors de l'avant-première du film.

Rires à cause des répliques mièvres. Rires à cause de l'accumulation de clichés. Rires à cause du scénario téléguidé qui tourne le dos à tout élément original. Et rires à cause du jeu parfois incroyablement mauvais d'acteurs qui n'ont pas grand-chose à défendre.

Même Maria Bello, dont on connaît le talent, ne semble pas savoir sur quel pied danser tant son personnage est inconsistant.

Elle incarne Sophie, une femme instable, médicamentée (enfin, quand elle accepte de prendre ses pilules), mère de Rebecca (Teresa Palmer, qui fait elle aussi ce qu'elle peut), jeune femme fermée aux émotions, aux attaches (au grand dam de son petit ami du moment, campé de façon beige par Alexander DiPersia) et au caractère aussi sombre que ses vêtements et que la déco vaguement gothique de son appart.

Sophie a un autre enfant, le jeune Martin (Gabriel Bateman), demi-frère de Rebecca puisqu'ils n'ont pas le même père, celui de l'aînée ayant disparu quand elle avait 10 ans.

Martin s'inquiète pour sa mère. Son père, incarné par Billy Burke dans une prestation éclair, s'inquiète aussi. Mais laisse sans problème (!) le gamin à l'épouse et mère qui se parle à elle-même. À moins que...

Bien oui, un esprit malfaisant, celui d'une certaine Diana (Alicia Vela-Bailey en silhouette et effets spéciaux), est attaché à la pauvre femme. Pourquoi? Comment? Depuis quand?

On découvre les choses petit à petit, on les devine en général plus rapidement qu'elles ne sont présentées à l'écran. 

Mais il faut rendre à César ce qui lui revient, on tressaille à au moins quatre reprises (soyons généreux, une demi-étoile par sursaut!) et on rit plus souvent - parfois de malaise, parce qu'il est question là de maladie mentale et que, bof!, ce que ça dit sur le sujet n'est pas très édifiant.

À l'arrivée, un long métrage heureusement très court, qui a ses moments de tension, mais s'oublie aussitôt consommé et ne provoquera certainement pas de cauchemars. Par contre, fatigué, le cerveau en veille, avec des amis prompts au sursaut, peut-être. Après tout, ce n'est que 81 minutes.

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Lights Out (V.F.: Dans le noir). Drame d'épouvante de David F. Sandberg. Avec Teresa Palmer, Maria Bello, Gabriel Bateman. 1h21.

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Image fournie par Warner Bros.

Lights Out