Arménie, mon amour. D'ascendance arménienne, Robert Guédiguian a découvert l'Arménie et sa propre arménité au hasard d'un voyage. Après l'Élysée (Le promeneur du Champ de Mars), le cinéaste emmène ses acteurs fétiches (Ascaride, Lespert et Meylan) aux pieds ou presque du mont Ararat. Dans les coulisses de la mort, encore, mais aussi en plein cur d'une société bouleversante.

Le voyage en Arménie est d'abord un voyage forcé. Anna (Ariane Ascaride), une brillante cardiologue marseillaise, se rend à Erevan pour sept jours, et sept jours seulement, et encore, en traînant des pieds et en soupirant. Son père, Barsam (Marcel Bluwal), malade, semble avoir pris la poudre d'escampette pour prendre une dernière bouffée d'arménité.

Bien sûr, Anna a beau vouloir tout contrôler, elle ne décidera ni du déroulement de son voyage ni du sens qu'il prendra. Elle pose les valises et regarde, sans émotion, mais non sans irritation, la vie d'Erevan, les habitudes «folkloriques» des arméniens. Petit à petit, si le regard ne se fera jamais moins sévère, il se fera moins dur.

Sur sa route, elle rencontrera une jeune arménienne qui ne rêve que de mariage avec un Français, des Français expatriés et plus Arméniens que les Arméniens eux-mêmes, et enfin, des mafieux. Bref, si Anna ne se prête à aucune danse folklorique, elle devra tâter de la gâchette, prendre la fuite, et découvrir son père, ainsi qu'une part d'elle-même.

Scénarisé par Guédiguian, Ascaride (inspirée par ses propres relations avec son père, un immigré italien) et l'écrivain Marie Desplechins, ce deuxième coup d'essai hors Marseille porte en lui les germes d'un bon film façon Guédiguian.

Communisme, petites gens et réflexions humanistes se mêlent à la quête arménienne des personnages principaux. En revanche, on porte quelques réserves sur les rebonds façon film policier que connaît Le voyage en Arménie. Est-il bien nécessaire que le récit s'emballe pour nous amener dans une chute bien mièvre?

Reste un film que l'on appréciera comme on apprécie un bon Guédiguian. C'est sincère, humain, bien écrit. Robert Guédiguian évite soigneusement les cartes postales et autres clichés et offre une belle réflexion sur les «racines».

On s'ennuiera un peu tout de même des chroniques marseillaises, genre avec lequel le cinéaste devrait renouer dans son prochain long métrage.

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Le voyage en Arménie

Comédie dramatique de Robert Guédiguian. Avec Ariane Ascaride, Gérard Meylan.

Un vieil homme quitte Marseille pour retrouver la terre de sa jeunesse, Erevan. Sa fille, Anna, se lance sur ses traces et va retrouver sa propre arménité.

Guédiguian hors les murs surprend. L'art du récit est finement maîtrisé et c'est avec plaisir que l'on découvre l'Arménie, en dépit de longueurs et de passages hasardeux