Charlotte Le Bon, établie à Paris depuis plusieurs années, joue le rôle d'Isis dans L'écume des jours. La Québécoise est très demandée ces jours-ci dans l'Hexagone... au point de n'avoir pu trouver 15 minutes pour s'entretenir avec La Presse, selon son équipe de gestion. Elle a toutefois répondu à nos questions par courriel:

Comment vous êtes-vous retrouvée impliquée dans le projet de L'écume des jours?

Je me le demande encore. Je connaissais déjà Michel [Gondry] grâce au Grand journal. Lorsqu'il m'a appris qu'il adaptait L'écume des jours, j'étais très heureuse pour lui et ça me paraissait très logique. Quelques mois plus tard, lorsque le casting a été révélé, je lui ai envoyé un courriel en le taquinant de ne pas m'avoir considérée. Il s'agissait d'une démarche complètement innocente, car je savais très bien que je ne faisais pas le poids face à Audrey Tautou et Léa Seydoux (initialement prévue dans le casting). Quelques semaines plus tard, il m'envoyait un texto pour m'annoncer que j'avais un rôle. J'étais convaincue qu'il se foutait de ma gueule jusqu'à ce que le premier assistant m'appelle pour l'essayage de costumes qui avait lieu le lendemain. Tout ça me paraissait surréel.

Quelle vision de cette oeuvre surréaliste aviez-vous en tête avant de commencer le tournage?

L'écume des jours est considérée comme une oeuvre surréaliste par les objets et les métaphores qui y sont illustrés. Mais l'histoire en elle-même demeure très vraie et je crois que c'est pour cette raison que ce livre a connu autant de succès. J'ai l'impression que n'importe qui ayant déjà rêvé et connu l'amour peut s'y retrouver. De toute façon, le surréalisme est mis en évidence par le réalisme et c'est le décalage entre les deux qui touche les gens. Pour qu'une oeuvre soit poignante, il faut pouvoir s'y identifier. En gros, ce que je veux dire, c'est que ce n'est pas qu'une oeuvre surréaliste, c'est surtout une histoire d'amour.

Vous êtes visiblement très demandée en France; qu'est-ce qui vous occupe ces jours-ci?

Je touche du bois tous les jours. Ces jours-ci, je suis en préparation pour le film de Benjamin Guedj, Libre & assoupi et du biopic d'Yves Saint Laurent de Jalil Lespert, qui se tourneront cet été. Je me remets également d'un magnifique tournage du film de Nabil Ben Yadir, La marche, qui sortira le 27 novembre prochain. L'histoire vraie de la marche pour l'égalité et contre le racisme qui a eu lieu dans les années 80 en France. Dix jeunes qui ont marché de Marseilles à Paris sur plus de 1200 km dans une démarche complètement pacifique pour y dénoncer les crimes racistes, les inégalités et les injustices. Le tournage fut une magnifique aventure et on a hâte de voir le résultat!

Vous avez été nommée «femme de l'année» par GQ France, comment avez-vous réagi?

Entre vous et moi, c'est un peu absurde comme prix, non? Je n'ai pas montré mes seins dans une démarche féministe controversée ni inventé de vaccins. D'autant plus qu'aux États-Unis, la femme de l'année, c'était Rihanna. Je n'ai rien contre Riri, mais je ne vois pas ce qu'elle a apporté de réellement constructif aux femmes ces dernières années! Et moi non plus d'ailleurs! Je fais mon petit bonhomme de chemin et on verra pour la suite. Cela dit, j'ai évidemment été très flattée. Mais je n'ai rien compris!

Des projets au Québec?

Ça ne tient qu'à vous! Amenez-en!