Le réalisateur Émile Gaudreault a de nouveau réuni l'irrésistible duo Michel Côté et Louis-José Houde qui a fait du film  De père en flic un immense succès pour une suite où, cette fois, le père et le fils se frottent à de nouvelles névroses dans un bootcamp pour couples, sans avoir encore réglé leurs comptes. Après Bon Cop, Bad Cop 2, voici l'autre suite très attendue du cinéma québécois cet été.

Michel Côté et Louis-José Houde: complices et indépendants

C'est bien parce qu'ils sont libres dans leurs carrières que Michel Côté et Louis-José Houde peuvent n'accepter que les projets de cinéma qui les intéressent, et tourner la suite de De père en flic en faisait partie. Rencontre avec deux valeurs sûres du box-office québécois.

«S'il y a une suite, c'est parce qu'il s'est passé quelque chose, car on ne fait pas la suite d'un film qui n'a pas marché», note avec justesse Michel Côté, qui sait de quoi il parle pour avoir accepté, après beaucoup de résistance, de faire Cruising Bar 2 en 2008.

Mais c'est un peu contre nature pour ce comédien adoré du public, qui a toujours pris soin de ne pas se répéter. «C'est casse-gueule pour les acteurs, parce qu'il n'y a pas la surprise d'un nouveau rôle. Mais je ne pouvais pas dire non à Émile Gaudreault, parce que c'est vraiment une belle aventure.»

«Je n'avais pas de réserves, poursuit Louis-José Houde, mais mon seul questionnement était qu'on le fasse pour les bonnes raisons et que le scénario soit bon. Et Émile est arrivé avec une bonne idée.»

Comme le dit Michel Côté, il s'est vraiment passé quelque chose en 2009 avec De père en flic, l'une des comédies les plus populaires du cinéma québécois, juste après Bon Cop, Bad Cop, qui vient d'avoir aussi une suite. Plus de 10,5 millions au box-office à l'époque, et un nouveau tandem d'acteurs était né.

«Pour le premier, je capotais ben raide. C'est le plus gros succès que j'ai jamais eu», avoue Michel Côté.

Pour Louis-José Houde, c'était une expérience bien particulière, puisqu'il s'agissait de son premier rôle d'importance au cinéma. «J'ai été très surpris du rayonnement d'un film québécois au Québec, se souvient-il. Je me suis rendu compte à je ne sais pas combien de millions que vraiment beaucoup de gens avaient vu ce film. Cet été-là, j'étais en spectacle, et ça a eu un impact sur la vente des billets. Il y a la pérennité du film aussi, qui fait que chaque semaine, quelqu'un me découvre, dans un avion, un hôtel. Je ne savais pas qu'un film pouvait aller chercher autant de gens.»

Une profonde affection

Louis-José Houde et Michel Côté ne se connaissaient pas avant de tourner le premier De père en flic. Ils en sont aujourd'hui à leur troisième film ensemble, puisqu'ils ont aussi fait Le sens de l'humour, toujours avec Émile Gaudreault. Ils n'arrivent pas à expliquer ce qui fait leur chimie à l'écran, mais on sent une profonde affection entre ces deux-là. Louis-José Houde écoute parler son collègue toujours avec un sourire en coin, fasciné, et répète plusieurs fois: «Je l'aime, Michel Côté!»

Il est manifeste que pour faire trois films ensemble, ils s'entendent bien. Et aussi, qu'ils apprécient l'ambiance des plateaux de tournage d'Émile Gaudreault. La principale difficulté est d'y avoir trop de plaisir. «Je devais aller m'étendre des fois, parce que c'était épuisant, mais dans le bon sens», dit Louis-José Houde. 

«On riait tellement! C'est une gang de drôles et, un moment donné, j'ai tendance à être très spectateur de tout ça. Je suis très bon public. Mais j'ai mieux appris à doser mon énergie», explique Louis-José Houde.

«Dans le premier film, ajoute Michel Côté, c'était très le fun, la gang de gars, mais la différence avec le deuxième, c'est qu'il y a beaucoup plus de filles. C'est une nouvelle ambiance. Les jokes sont différentes. Et une qui est capable de faire des jokes, pire que des gars, c'est Mariana Mazza!»

Ce qui est certain, c'est que ni l'un ni l'autre n'avait besoin de cette suite, mais qu'ils l'ont reçue avec bonheur. Alors que Louis-José Houde est comblé par sa carrière d'humoriste qui roule encore à merveille, Michel Côté a toujours eu le luxe de choisir ses projets, puisque la pièce Broue, qu'il a promenée pendant des décennies aux quatre coins du Québec, lui a procuré une indépendance rare pour un comédien. «C'est facile quand on tourne beaucoup de lasser les gens, croit-il. Il faut choisir des rôles différents chaque fois et essayer de faire oublier ce que tu viens de faire. J'ai géré ma carrière comme ça depuis le début, je n'ai jamais fait plus qu'un film par année. J'ai toujours eu peur de lasser les gens.»

Michel Côté envisage même la retraite. «Je vais continuer à être sélectif, mais, évidemment, j'ai 67 ans, c'est normal qu'on m'offre moins de rôles intéressants. Je vais prendre ma retraite tranquillement. Mais ça ne veut rien dire, parce que si dans quatre ans, on m'offre quelque chose de bon, je vais le faire. Si tout le monde prend sa retraite, qui va jouer les vieux pas de dents? Ils ne vont pas arracher les dents à un jeune, quand même!»

«Je l'aime, Michel Côté!», répète Louis-José Houde, hilare.

Être «au top»

Le premier De père en flic avait visé juste, en misant sur la relation père-fils dans le cadre d'une comédie d'action. Jacques (Michel Côté) et Marc (Louis-José Houde) avaient d'abord été obligés d'infiltrer une thérapie entre pères et fils afin de faire parler un avocat des motards. Cette fois, ils se retrouvent dans un bootcamp pour couples, avec de nouveaux névrosés, pour essayer de faire parler un bras droit de la mafia.

Les tensions sont toujours vives entre Jacques et Marc, mais les personnages ont évolué. Particulièrement Marc, qui a grimpé les échelons, mais qui connaît des difficultés dans son couple (avec Karine Vanasse) et n'arrive pas à décrocher de son père beaucoup plus insouciant que lui.

«Pour moi, la différence entre les deux films, c'est que je suis vraiment sur la pente descendante, alors que lui est vraiment plus hot qu'il était, explique Michel Côté. Mais il veut absolument que son père l'admire, alors que c'est pour en faire un homme, "un vrai", que je lui tape dessus. Mais s'il veut plaire à son père, c'est parce qu'il l'aime. C'est Marc qui me donne un break pour que j'aille l'impression que je suis encore hot

«C'est intéressant de voir le vieux qui descend et le jeune au top qui aimerait que le vieux remarque qu'il est au top», estime Michel Côté.

Il y a quelque chose là-dedans qui peut se transposer dans la vraie vie. Michel Côté, l'un des comédiens les plus doués de sa génération, recevra cet été un hommage au festival Juste pour rire, après avoir mis fin à l'incroyable aventure de Broue. De son côté, Louis-José Houde a avancé dans sa carrière de comédien (cette suite est son quatrième film important, après Le sens de l'humour et Ça sent la coupe), et est en train de roder son nouveau spectacle Préfère novembre, qu'il considère comme son plus abouti.

«Je me trouve très chanceux d'avoir eu ça dans ma vie, dit l'humoriste. Un truc comme De père en flic est arrivé de nulle part, et d'accompagner la sortie de mon quatrième show avec la suite de De père en flic, c'est un beau hasard. Je suis reconnaissant au boutte. J'espère avoir une carrière comme Michel et jouer jusqu'à 67 ans... et plus!»

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De père en flic 2 prend l'affiche le 13 juillet.

Photo fournie par Les Films Séville

Louis-José Houde et Michel Côté dans De père en flic 2

Ces couples au bord de la crise de nerfs

Dans De père en flic 2, l'enquête de Jacques et Marc les mène à un bootcamp pour couples en pleine nature, ce qui donne des rencontres mémorables avec des personnages hauts en couleur. Nous avons demandé à tous les interprètes de nous décrire le couple «fucké» qu'ils incarnent.

Le couple lesbien: Sonia Vachon et Hélène Bourgeois Leclerc

Suzanne et Marie-Claude sont au bootcamp pour une seule raison: Marie-Claude a un problème de libido. Elles devront subir non seulement la thérapie, mais aussi les commentaires de mononcle de Jacques (Michel Côté), qui ne comprend vraiment pas ce qu'est l'amour entre femmes gaies. «C'est un couple heureux, sans conflit, qui fonctionne très bien, mais qui n'a qu'un seul problème majeur», décrit Hélène Bourgeois Leclerc. «Quand j'ai su qu'Hélène allait jouer ma compagne, j'étais très contente, explique Sonia Vachon. Parce que je la trouve très talentueuse et en plus, je me suis dit: "oh, j'ai une belle blonde!" On va souvent associer les femmes rondes avec des chums qui font dur. Moi, dans la vie, j'ai un beau chum, et quand j'ai vu que j'avais une belle blonde, j'étais fière!»

Le couple inégal: Julie Le Breton et Patrice Robitaille

Martin est le bras droit de la mafia et se retrouve au bootcamp parce que sa blonde Pascale, qu'il adore, a découvert qu'il l'avait trompée. Il est la raison pour laquelle Jacques et Marc devront participer à cette thérapie afin de lui soutirer des renseignements. «C'est un gars qui, dans son travail et en société, a énormément de pouvoir, explique Julie Le Breton. Et Pascale, elle fait vraiment ce qu'elle veut avec lui, elle le tient par les couilles et le manipule avec des ultimatums.» «C'est un classique du couple, quand il y en a un des deux qui aime plus l'autre, croit Patrice Robitaille. Il fonce, mais il fonce probablement dans un mur!»

Le couple bobo pathétique: Diane Lavallée et Yves Jacques

Émile Gaudreault a eu la très bonne idée de ramener Geneviève et Bernard, le couple de bobos de son film Nuit de noces qui nous avait fait tant rire par son snobisme extrême que par le fait qu'il aime plus son chien Pumpy que ses propres enfants. «On s'est dit que ce serait le fun qu'ils reviennent et qu'ils continuent leur chicane éternelle, raconte Diane Lavallée. Ils sont un petit peu plus aigris, ils ont mal vieilli. Ce sont des intellectuels qui se sont beaucoup aimés, mais qui n'ont pas vraiment aimé la vie de famille. Ils n'ont pas d'allure, tout simplement.» «Je pense qu'ils s'aiment profondément, mais qu'ils ne sont plus capables de se supporter, note Yves Jacques. Mais ils sont incapables de se laisser. Ils sont très Outremontois, dans le mauvais sens du terme.»

Le couple d'âges différents: Sylvie Potvin et Mathieu Quesnel

Carole et Gaël s'aiment passionnément, mais le fait qu'elle a 25 ans de plus que lui le rend terriblement jaloux, convaincu qu'elle va le quitter pour un plus jeune. Ils sont aussi deux obsédés sexuels un peu exhibitionnistes qui dérangent tout le monde. «Ils sont nés à quelques années de différence, mais c'est tout, explique Sylvie Potvin. Oui, ça paraît dans le corps et oui, le regard des autres sur ce couple peut les dénigrer, mais qu'un gars de cet âge-là puisse désirer une femme de cet âge-là, ça se peut!» Pour Mathieu Quesnel, le thème est intéressant. «Il existe Harold et Maude au théâtre, mais ici, c'est plus crédible, avec un gars de 35 ans. C'est vraiment une femme d'affaires qui a cliqué avec son massothérapeute. C'est sûr que tout ça a commencé par un massage!»

Le couple de jeunes parents: Mariana Mazza et Mehdi Bousaidan

Elissa et Akim, le plus jeune couple du bootcamp, est pourtant le moins énergique. Nouveaux parents, ils sont au bout du rouleau. «C'est un peu un passage obligatoire pour un jeune couple qui vient d'avoir un enfant, quand on dirait que tout ce qui était cool avant d'en avoir un prend le bord, observe Mehdi Bousaidan. C'est épuisant de jouer quelqu'un de fatigué, et je me couchais plus tard pour l'être vraiment!» Pour Mariana Mazza, le rôle d'Elissa est à l'opposé de celui, survolté, qu'elle joue dans Bon Cop, Bad Cop 2. «C'est une jeune femme en post-partum qui manque de sommeil et qui a juste besoin qu'on lui dise qu'elle est belle. Je vais être ce genre de mère-là, je le sais, alors ça a été facile à jouer. Même si Mehdi et moi, on a découvert dans ce film qu'on jouait dans la cour des grands. Ce sont tous des acteurs tellement hot

Photo fournie par Les Films Séville

Hélène Bourgeois Leclerc et Sonia Vachon dans De père en flic 2.