Il fallait du cran et de l'audace pour tourner un premier court métrage de 15 minutes en un seul plan-séquence avec une jeune équipe, dont une fillette de 10 ans. Et encore plus pour jouer la scène à 23 reprises en une journée de travail avec la lumière naturelle qui baisse à toute vitesse.

Geneviève Dulude-De Celles, 28 ans, l'a fait. Avec pour résultat un film, La coupe, qui a été sélectionné au prestigieux Sundance Festival, où il a obtenu le Grand Prix du jury des courts métrages internationaux.

Le reste de l'année a déboulé à une vitesse folle. Le film, qui met en vedette Milya Corbeil-Gauvreau et Alain Houle, a été présenté dans une trentaine de festivals et a récolté plusieurs prix.

En parallèle, Geneviève Dulude-De Celles a tourné son premier long métrage documentaire, Bienvenue à FL, que nous devrions voir en 2015. Un travail construit autour de dizaines d'heures d'entrevues avec des élèves de l'école secondaire Fernand-Lefebvre, à Sorel-Tracy, où la réalisatrice a étudié.

«J'entre dans leur vie, l'intimité de leur maison, dans leurs cours, pour leur donner l'occasion de s'exprimer, dit-elle. Ma source de motivation est un jeune Sorelois, Maxime Collard, qui a organisé en 2011 une marche pour dénoncer l'intimidation. Ça m'a touchée et j'ai voulu voir ce que les jeunes avaient à dire, non seulement sur l'intimidation, mais sur toutes sortes de sujets.

«Lorsqu'on parle des écoles secondaires, c'est souvent à travers le point de vue d'experts. Mais on ne voit pas les choses de l'intérieur. Les jeunes racontent comment ils se sentent à l'école, ce que c'est que d'être un adolescent, la perception des adultes envers eux, etc.»

Course Évasion

Après ses études en cinéma, Geneviève Dulude-De Celles a participé à La course Évasion autour du monde en 2011. Avant son départ, ses amis lui ont remis trois calepins dans lesquels ils ont écrit des messages et lui ont laissé de l'espace pour ses propres pensées. Elle a préféré garder intact ce précieux cadeau. Pourtant, elle aurait pu facilement le remplir, tant elle déborde d'idées, toutes liées au cinéma. Elle écrit actuellement un long métrage de fiction et travaille, avec deux amies, à sa boîte de production, Colonelle Films.

Qu'est-ce qui nourrit cette foi dans le cinéma? «C'est une très belle façon de communiquer, de partager des histoires, des points de vue, et de se rencontrer. Grâce à La coupe, j'ai eu des échanges très touchants avec des gens de partout dans le monde. Le cinéma crée ce canal de communication.»

Ce qui l'allume

CINÉMA

Rich Hill

«Un superbe film d'Andrew Droz Palermo et Tracy Droz Tragos qui a reçu le prix du meilleur documentaire à Sundance. Ce fut une source d'inspiration pour le tournage de mon propre film. Dans une petite ville américaine frappée par la pauvreté, les réalisateurs ont suivi le parcours de quelques adolescents durant trois ans.»

TÉLÉVISION

Série noire

«Une série drôle, intelligente, bien foutue, de grande qualité. Je trouve dommage qu'on en parle en évoquant ses problèmes de cotes d'écoute. Les gens de ma génération se tournent vers les autres façons de consommer la télévision.»

SPECTACLE

Arcade Fire au parc Jean-Drapeau

«Ce n'est pas très original (rires), mais je les suis depuis le début. J'avais écouté leur EP en 2005 et trouvé ça extraordinaire. Durant ce show, nous avions l'impression d'être à la messe. Ce fut pour moi une fierté de les retrouver au parc Jean-Drapeau.»

LECTURE

Simon Boulerice

«J'ai lu ses livres Javotte, Les Jérémiades et Martine à la plage. C'est un jeune auteur issu du milieu du théâtre - il est comédien. J'ai adoré son écriture, son humour. Il apporte un vent de fraîcheur et il sait rejoindre tant un public adolescent qu'un public adulte.»

MUSIQUE

Corridor

«J'ai découvert en 2014 ce groupe montréalais qui chante en français et a un style musical bien à lui. Le groupe a été en nomination aux prix Gamiq de 2014 (EP de l'année et Révélation de l'année). Il offre une musique d'ambiance, une proposition musicale très intéressante.»