En plein tournage de Ville-Marie, le nouveau film de Guy Édoin, Monica Bellucci a rencontré hier les médias montréalais en compagnie de toute la distribution du long métrage. La comédienne n'a pas tari d'éloges sur le réalisateur québécois et est même allée jusqu'à déclarer: «Guy m'a offert un des plus beaux rôles de ma carrière.»

Après Marécages en 2011, Guy Édoin est de retour avec Ville-Marie, un second long métrage qui fait déjà beaucoup parler de lui, même s'il n'est encore qu'en tournage. La présence de la comédienne Monica Bellucci y est bien sûr pour quelque chose. La belle Italienne de 50 ans a élu domicile depuis une vingtaine de jours dans le Vieux-Montréal pour les besoins du film, et elle se réjouit de cette première expérience montréalaise. Mais ce ne sont pas les attraits touristiques de la ville qui l'ont amenée à accepter de jouer dans Ville-Marie. Elle s'est plutôt laissé séduire par le scénario de Guy Édoin, tombé sous le charme de l'actrice dès leur première rencontre.

«C'est bête à dire, mais Monica est très accessible dans le fond», débute Guy Édoin avant que Monica Bellucci ne le coupe dans son élan. «Excuse-moi, Guy, mais tu es arrivé avec un scénario magnifique. C'est normal que j'aie accepté! Aie confiance en ce que tu fais!», lance-t-elle spontanément au réalisateur. «J'ai dit oui à Guy et je n'avais même pas vu Marécages. J'ai aimé le scénario, et en voyant le film par la suite, je me suis dit que j'avais eu raison!», renchérit-elle.

Dans Ville-Marie, Monica Bellucci tient le rôle d'une actrice française en tournage à Montréal qui tente de renouer avec son fils (Aliocha Schneider), étudiant depuis quelques années dans la métropole québécoise. Un évènement troublant dont sera témoin le jeune homme déclenchera à nouveau chez lui le désir de découvrir qui est son père. Parallèlement, un ambulancier (Patrick Hivon) hanté par son passé tente de garder le cap, alors qu'une infirmière charitable (Pascale Bussières) veille sur lui, à distance, tout en maintenant une salle d'urgence à flot. Ainsi, c'est à l'hôpital Ville-Marie que le noeud de l'histoire doit se jouer autour de ces quatre personnages.

«Avant de partir, j'avais très peur de ce rôle», confie Monica Bellucci. «Et ça, ça me plaît, ce frisson, cette peur. Ça veut dire que je vais faire quelque chose de bon pour moi. Chaque fois, ça doit être comme ça, sinon ça ne vaut pas la peine. Je me retrouve à jouer un personnage qui me touche énormément, peut-être parce qu'il s'agit d'une mère et d'une comédienne, ce que je suis aussi dans la vie», dit-elle.

Au coeur de la ville

Que ce soit dans sa première série de courts métrages ou dans Marécages, Guy Édoin a jusqu'ici fait évoluer ses personnages dans un milieu rural. Cette fois, c'est en plein coeur de Montréal qu'il a voulu les plonger.

«Ville-Marie est le nom fondateur de Montréal. C'est la ville mère qui chapeaute ces personnages, une ville aussi chaotique, qu'on aime autant qu'on la hait. La construction est très présente dans le film! Surtout quand on circule en ambulance dans la ville», dit-il.

«J'avais besoin de sortir de ce que je faisais avant. Aussi un désir d'être un peu plus grand public, de parler de Montréal, d'avoir une discussion sur le cinéma aussi. J'avais aussi un désir de cinéma hollywoodien. Je me fais vraiment plaisir!», ajoute Guy Édoin qui a une fois encore fait appel à Pascale Bussières, qui tenait la vedette dans son précédent film.

«Avoir Pascale Bussières et Monica Bellucci réunies à l'écran est du domaine du fantasme fou. Ça s'est vraiment réalisé la semaine dernière quand les deux ont tourné ensemble. Deux beautés absolues, deux charismes qui vibrent dans les mêmes zones: j'ai braillé comme un bébé, j'étais intarissable», lance-t-il, encore ému.

«Sur un plateau, Monica est une machine d'une précision chirurgicale. Elle est fascinante à regarder travailler», note le réalisateur.

Tourné entièrement de nuit

Tourné en 35 mm et exclusivement de nuit, Ville-Marie aura en tout et pour tout exigé 26 jours de tournage pour un budget de 4,4 millions, soit presque deux fois celui de Marécages.

«Tourner en milieu urbain, la nuit, demande de déployer beaucoup d'éclairages. Monica est là de coeur, depuis la première lecture du scénario. Sa présence n'a pas d'influence sur le budget», précise la productrice de Ville-Marie, Félize Frappier.

«L'histoire se déroule sur trois nuits. Ç'a été très dur pour l'équipe, mais en même temps, ç'a créé un climat très familial. On a recréé complètement un hôpital, mais aussi des scènes du film dans lequel tourne le personnage de Monica. On suit le film qui est dans le film, un peu à la Almodóvar! La dernière semaine de tournage se fera en studio: on est en train de monter des décors magnifiques!», conclut le réalisateur.

Photo: Olivier Jean, La Presse

Dans Ville-Marie, Monica Bellucci tient le rôle d'une actrice française en tournage à Montréal qui tente de renouer avec son fils (Aliocha Schneider), étudiant dans la métropole québécoise.