«Lorsqu'on commence à soulever de grosses pierres, on découvre toutes sortes de choses qui grouillent en dessous.»

Ainsi s'exprime le comédien Gabriel Sabourin qui, avec Louis Champagne et le réalisateur Stefan Miljevic, cosigne le scénario du long métrage Amsterdam, film portant sur l'amitié masculine, le mensonge et la vie de couple.

L'oeuvre, qui nous arrive après plusieurs années de peaufinage, a traversé le temps grâce à l'amitié très solide entre plusieurs de ses artisans, à commencer par les trois auteurs.

Si le film n'est pas inspiré de leur propre histoire (on le leur souhaite!), cette amitié a nourri l'écriture et vice versa. Et c'est sans doute ces liens qui font dire à Stefan Miljenic que son film est «un thriller avec du coeur».

Amsterdam met donc en scène Sam (Robin Aubert), Marc (Louis Champagne) et Jeff (Gabriel Sabourin), trois gars vivant en région et liés par une amitié qui remonte à l'enfance. «Casés» et pères (pour deux d'entre eux) depuis longtemps, ils mènent une vie exempte de grands frissons. Un jour, à l'occasion d'un voyage de pêche, ils décident de s'éclater.

Le goût de l'interdit

À l'insu de leurs conjointes - Madeleine (Suzanne Clément), Béatrice (Fanny Mallette) et Simone (Marie-Chantal Perron) -, les trois gars s'envolent pour un week-end à Amsterdam, ville où les interdits sont réduits au strict minimum.

Lorsqu'au terme du voyage Sam décide de rester sur place, Jeff et Marc doivent le couvrir. Ils s'enfoncent alors dans une spirale de mensonges qui soulèvera d'autres secrets encore plus lourds.

«Notre intention était de parler des rouages de l'amitié entre hommes, dit le réalisateur Stefan Miljevic, qui signe ici son premier long métrage. Nous voulions voir ce qu'on se dit et ce qu'on ne se dit pas. Entre hommes, je crois que les silences sont tout aussi évocateurs que la parole.»

Miljevic voulait aussi voir comment les fondations d'une vieille complicité peuvent résister à une forte tempête. «L'amitié, contrairement à la famille, est une affaire de choix, dit-il. On choisit ses amis et c'est avec eux qu'on va partager ce que nous sommes. Ce sont des êtres super importants.»

Le réalisateur a une affection évidente pour ses personnages, qui sont tombés dans un gouffre pour la simple raison qu'ils ne sont pas infaillibles.

«Le fait que Sam, Marc et Jeff mentent les rend humains, dit le réalisateur. Ces gars-là se sont peut-être mariés un peu trop jeunes; ils ont peut-être eu leurs enfants un peu tôt et, finalement, ils n'ont pas vécu pleinement leur jeunesse. À 40 ans, ils veulent faire un mauvais coup. C'est universel. Dans un tel contexte, on ment pour sauver les apparences, pour conserver ses acquis.»

Et où aller pour faire un mauvais coup? À Amsterdam!

Avec son red light et ses coffee shops, la grande ville néerlandaise chantée par Brel est attirante et à une distance raisonnable d'avion pour les trois compères.

«Amsterdam représente le vice et la décadence, mais elle possède aussi ce côté Vieille Europe, expose Stefan Miljevic. Elle constitue un ailleurs complètement différent de notre réalité. C'est une ville ouverte à tout. Les gens y sont accueillants, intéressés et curieux. En fait, c'est une ville où tu peux être ce que tu es!»

Amsterdam sort en salle le 11 octobre.

PHOTO FOURNIE PAR ATTRACTION IMAGES

Marc (Louis Champagne) et Jeff (Gabriel Sabourin) assumeront avec difficulté leur mensonge pour couvrir la fuite de leur ami Sam.