De ses années à l'école primaire voisine d'un centre jeunesse, la réalisatrice Nathalie St-Pierre se souvient de moments douloureux où des enfants placés en famille d'accueil étaient cruellement confrontés à leur vie dans la marge.

«À l'approche de Noël, de Pâques ou de la fête des Mères, les professeurs nous faisaient dessiner et écrire des cartes à nos parents. Les écoliers en familles d'accueil le faisaient sans trop savoir à qui ils donneraient ces cartes», dit-elle.

Parce que plusieurs enfants, ajoute la réalisatrice, vivent avec l'espoir de retrouver un jour leur famille naturelle. Ce qui rend le statut des familles d'accueil particulièrement complexe.

«Je ne prétends pas que mon film trace le portrait-type de la famille d'accueil. Mais des familles comme celle des Bilodeau, ça existe.»

Nathalie St-Pierre affirme qu'il existe aussi des familles qui ont accueilli une centaine d'enfants au fil des ans. «Il y a 10 000 enfants en famille d'accueil au Québec. Les besoins sont si grands que dès qu'une place se libère, on la comble. Ces familles, elles ont toutes les responsabilités et aucun droit. J'ai beaucoup de sympathie pour elles.»

D'Isabelle Vincent, la réalisatrice admire le travail depuis longtemps. Elle confie avoir pris prétexte du film pour l'approcher et pouvoir travailler avec elle.

«L'histoire du film est racontée du point de vue des enfants et non de Réjeanne, rappelle-t-elle. Isabelle Vincent le savait et a été d'une grande générosité. Il y avait un risque à faire de Réjeanne une marâtre sans nuance. Isabelle apporte autre chose. Sa Réjeanne est glaçante tout en ayant une certaine bonhommie.»

Mme St-Pierre sait que son opus ne fera pas l'unanimité. Mais elle est prête à le défendre.

Catimini sera présenté dans 10 salles à travers le Québec, une rareté pour un film indépendant. «Il sera même projeté dans deux salles Guzzo» lance la réalisatrice avec humour.

Présenté l'été dernier en première mondiale du Festival du film francophone d'Angoulême (France), Catimini en est reparti avec le Valois d'Or du meilleur film en compétition officielle.