Depuis quelques semaines, le cinéaste québécois Claude Gagnon est engagé dans une vaste campagne de promotion de son plus récent film, Karakara, au Japon. La sortie officielle au pays du Soleil-Levant est prévue ce samedi 12 janvier.

«Nous avons choisi de lancer le film à Okinawa une semaine avant le reste du pays, car c'est ici que nous avons tourné la majorité des scènes, indique M. Gagnon, joint hier par Skype dans son appartement de Naha, capitale de la préfecture d'Okinawa. Au départ, les programmateurs d'ici voulaient présenter le film dans une salle. Mais la demande est forte et nous passons à deux. D'ordinaire, les films indépendants sont programmés dans de vieilles salles avec de vieux projecteurs. Dans notre cas, nous allons jouer dans un multiplex où nous côtoyons les Intouchables, Skyfall, The Hobbit, etc. C'est plutôt excitant!»

En entrevue, l'homme est au bout de sa chaise, emporté par l'enthousiasme. Il revient d'une avant-première organisée par une télévision locale et assure que les commentaires écrits et recueillis après la projection donnent bonne impression. «Seules deux personnes nous ont écrit que le sexe n'était pas nécessaire», dit-il.

Mais en vieux routier du septième art, il refuse de triompher. «Je reste sceptique. J'ai vu neiger», lance-t-il.

Chose certaine, le film semble susciter un intérêt médiatique certain de l'autre côté de la planète. Sur son site Facebook, M. Gagnon ne cesse de mettre en ligne des photos de médias japonais qui ont consacré un reportage à son film ou à ses deux vedettes, Gabriel Arcand et Youki Kudoh.

Le film porte sur la rencontre de Pierre, un enseignant québécois à la retraite, et Junko, une femme et mère de famille qui a quitté son mari violent. Coproduction Canada-Japon, le film a été présenté en première mondiale au dernier Festival des films du monde à Montréal, où il a remporté deux prix.

M. Gagnon affirme avoir accordé une cinquantaine d'entrevues au cours des dernières semaines. La comédienne japonaise Youki Kudoh en a accordé encore davantage. «J'aurais aimé pouvoir faire venir Gabriel, car les journalistes ici adorent son personnage dans le film, dit le réalisateur. Mais je n'ai pas pu le faire pour des contraintes budgétaires. Ça me brise le coeur.»

Après Okinawa, le film sera présenté à l'ambassade du Canada à Tokyo. Il sortira en salle le 19 janvier à Tokyo, Kobe, Osaka et dans plusieurs autres grandes villes du pays. «On a 12 copies du film qui sont déjà réservées dans une trentaine de salles», dit M. Gagnon.

Réalisateur dans le passé des films Visages pâles, Kenny, The Pianist et Kamataki, Claude Gagnon a plusieurs projets de tournage sur sa table de travail, que ce soit au Québec ou au Japon. «À mon âge [63 ans], j'ai envie de tourner beaucoup, d'y aller à fond la caisse.»