L'événement Cinéma du Québec à Paris s'amorce ce soir avec la présentation du film Rebelle de Kim Nguyen. Habitué de ce rendez-vous annuel, le président de la SODEC, François Macerola, estime que le temps est venu pour son organisme d'être lié au contenu des films financés.

La SODEC a toujours été au coeur de la promotion du cinéma québécois à l'étranger, un mandat qu'elle maintiendra. Mais, foi de François Macerola, l'organisme doit maintenant passer à une vitesse supérieure dans le développement de scénarios en coproduction avec d'autres pays.

«Nous sommes en train de réviser notre politique internationale où il y aura toujours des investissements en coproduction. Mais là, je veux ajouter une autre composante. Je voudrais que la SODEC devienne un lieu privilégié de développement de scénarios, de concepts, d'idées qui permettrait d'avoir une cinématographie variée, de toutes les couleurs, de tous les formats, de tous les styles et de toutes les architectures», dit-il en entrevue à La Presse.

Et cette volonté, ajoute M. Macerola, ne doit pas se faire uniquement en partenariat avec des pays francophones. Certes, ceux-ci constituent un tremplin. Par exemple, les Rencontres de la coproduction francophone, un forum tenu en parallèle à Cinéma du Québec à Paris, a permis, depuis 2004, la production de 55 films. Mais il est temps, pour le cinéma québécois, de se tourner vers d'autres horizons. En entrevue, François Macerola énumère le Japon (il est récemment revenu enchanté d'une rencontre à Okinawa), la Corée du Sud, l'Amérique latine, les États-Unis.

Mais jusqu'où va ce désir? N'y a-t-il pas danger d'ingérence? François Macerola rappelle qu'à l'heure actuelle, la SODEC approuve un scénario et apporte ses commentaires avant de le financer. D'autres commentaires sont faits au visionnement de la première copie de travail et de la copie finale.

«Nous ne sommes pas producteurs, argue-t-il. Si nous l'étions, on aurait notre mot à dire sur le casting ou les lieux de tournage, ce qui n'est pas le cas. On veut juste être aidant, que ce soit au niveau du contenu, d'ouverture avec des partenaires diversifiés et avec nos commentaires.»

M. Macerola rappelle qu'il est du ressort du gouvernement fédéral de signer des ententes de coproduction entre pays. Par contre, la SODEC a le droit de signer des ententes administratives et souhaite clairement être plus active dans le domaine.

Ces ententes se limitent à certaines facettes de la coproduction. Par contre, elles permettent de faciliter certains mécanismes (par exemple, les crédits d'impôt) parce que reconnues officiellement par deux parties.

Il faudra attendre de voir si le projet de M. Macerola se traduira par du financement supplémentaire. Il est encouragé par le récent discours inaugural de la première ministre Pauline Marois. «Il y avait quelques belles pages consacrées à la culture dans ce discours. Cela semble être une priorité pour ce gouvernement», dit-il.

Présence accrue

Outre M. Macerola, le nouveau ministre de la Culture, Maka Kotto, sera présent à Paris pour cette semaine du Cinéma du Québec. Outre la présentation de douze longs métrages de fiction, deux documentaires et plusieurs courts, l'événement est émaillé d'une leçon de musique, d'un stand littéraire et d'un atelier sur la transposition d'une oeuvre littéraire au cinéma (Le torrent de la nouvelle d'Anne Hébert au film de Simon Lavoie).

François Macerola se réjouit de cet éclatement des activités. À moyen terme, il verrait bien l'événement changer de nom et prendre celui d'Espace Québec.

«Mon rêve serait d'avoir un petit stand où des artistes québécois en métiers d'art pourraient présenter leur travail, dit-il. Cette semaine Cinéma du Québec à Paris devient de plus en plus éclatée.»

Dans la foulée de ses projets de coproductions, le président de la SODEC espère multiplier de tels «Espaces Québec» aux quatre coins du monde. «Les gens ont faim d'avoir accès à d'autres cultures. Et la culture québécoise est ouverte. Les gens sont intéressés à nous rencontrer.»



Coûts réduits

Cette année, la SODEC invite une dizaine de réalisateurs à Paris dans le cadre de cette semaine du cinéma québécois. La délégation de l'organisme est de quatre personnes. François Macerola indique avoir réduit les coûts de cette opération de plus de 45%, soit 250 000$, depuis son arrivée en novembre 2009. Le tout est attribuable à une réduction de l'équipe, une hausse des revenus de commandites et le déplacement du volet télévision dans un autre événement.