Pour n'importe quel artiste du cinéma, obtenir une nomination aux Oscar est un grand événement, qu'il s'agisse d'une première ou d'une douzième fois. La réalisatrice de courts métrages d'animation montréalaise Torill Kove le confirme.

Avec Ma Moulton et moi, elle a obtenu jeudi matin une troisième nomination - elle a déjà gagné une fois pour Le poète danois en 2007 - et elle assure qu'elle est toujours aussi excitée à l'idée d'être à nouveau invitée à la prestigieuse cérémonie.

«Ma réaction verbale a été "Yéééé!"», a-t-elle raconté en riant à La Presse Canadienne, jeudi.

«C'est toujours aussi excitant, je ne suis pas du tout blasée avec ça.»

Co-produit par l'Office national du film (ONF), Ma Moulton et moi raconte l'histoire d'une fillette norvégienne de sept ans qui demande à ses parents si elle et ses soeurs peuvent avoir un vélo. La fillette, dont le père est le seul dans toute la ville à porter la moustache, se sent quelque peu gênée par sa famille non conventionnelle et idéalise la vie en apparence parfaite de sa jeune voisine et meilleure amie.

Torill Kove ne le cache pas, l'histoire de son film est hautement autobiographique. Comme la protagoniste de son film, elle a deux soeurs et a grandi avec des parents architectes (dont un père qui portait bel et bien la moustache). Plusieurs anecdotes du film sont d'ailleurs véridiques.

«Il y a beaucoup de vérité dans ce film, surtout au niveau des sentiments, des feelings», a-t-elle admis.

Originaire de la Norvège, Torill Kove s'est installée à Montréal par amour. Elle a obtenu une maîtrise en urbanisme à l'Université McGill, puis, suivant sa passion de toujours, le dessin, elle est retournée plus tard à l'Université Concordia pour y étudier l'animation. Elle vit toujours aujourd'hui dans la métropole québécoise en compagnie de son époux et de sa fille de 12 ans. Elle a appris le français à l'école, en Norvège, puis a pu le pratiquer avant de venir à Montréal puisqu'elle a habité en France. Son prochain projet, sur lequel elle ne veut pas encore donner trop de détails, sera son premier dont l'action se déroulera dans sa ville d'adoption.

Sa première nomination, elle l'a obtenue en 2000 pour son court métrage Ma grand-mère repassait les chemises du roi. Puis, en 2007, c'est le titre de son film, Le poète danois, qu'elle a entendu lorsqu'est venu le temps de décerner l'Oscar dans sa catégorie.

«Je me souviens juste quand ils ont annoncé le nom de mon film que j'étais très heureuse et que j'avais beaucoup d'adrénaline dans le corps. Je suis montée sur scène et je n'ai rien vu à cause des lumières. J'ai dit mon "speech" et c'était tout fini après une minute!», s'est-elle remémoré.

Un oscar, ça ne change pas le monde, estime-t-elle. On doit ensuite continuer à faire ses films, à faire son travail. Non, un oscar, ça ne change pas le monde, sauf que... «En même temps, ça change quelque chose parce qu'avoir reçu un prix comme ça ou une nomination, ça donne confiance aux gens autour de toi. C'est peut-être un peu plus facile de recevoir du financement pour un nouveau film... Je pense que c'est probablement plus facile d'avoir des opportunités de continuer de travailler.»

Avec Ma Moulton et moi, l'Office national du film obtient une 73e nomination aux Oscar, un record. Pour souligner l'événement, le court métrage sera présenté gratuitement aux internautes canadiens pendant 73 heures à compter de jeudi sur le site de l'ONF.