Québec demande de retirer le nom de Claude Jutra du gala annuel du milieu cinématographique à la suite du témoignage d'une victime présumée d'un « geste pédophile totalement insoutenable » de la part du cinéaste, mort en 1986.

La ministre de la Culture et des Communications, Hélène David, a réagi à l'histoire de Jean*, publiée dans La Presse mercredi. Un témoignage « bouleversant », a-t-elle affirmé.

Elle a laissé entendre que le gouvernement souhaite également que le nom de Claude Jutra soit effacé de tout l'espace public. Elle a demandé à la Commission de toponymie de « prendre contact avec les municipalités » qui ont honoré la mémoire du cinéaste de différentes façons, en baptisant une rue à son nom, par exemple.

La Commission devra « demander quelles sont les intentions » de ces villes à la suite de la sortie du gouvernement. « Il en revient à la Commission de recevoir les demandes » et de « regarder ça ». « Ce sont les municipalités qui feront la demande si elles veulent remplacer un nom par un autre », a précisé Mme David. Elle a exigé d'obtenir la liste de tous les lieux qui portent le nom de Claude Jutra.

Hélène David a fait part de sa demande à Québec cinéma, dont le conseil d'administration doit se réunir mercredi. Mardi, elle était restée prudente au sujet des révélations contenues dans la biographie de Claude Jutra écrite par Yves Lever. Elle disait que ce sont des « allégations ». Le témoignage de Jean (nom fictif) a tout changé.

« Vous avez lu comme moi : c'est une présumée victime au sens légal du terme. C'est quand même insoutenable. C'est quelqu'un qui raconte ce qu'il a vécu depuis l'âge de six ans, pendant 10 ans. Il a des soeurs qui témoignent, aussi une amie de la famille qui est quand même quelqu'un spécialisé en art thérapie qui l'a accompagné. Compte tenu de ce qui est écrit, il faut prendre ça au sérieux. Je pense que vraiment, vu le côté totalement insupportable d'un acte criminel, il faut absolument demander à ce que ce nom de Jutra soit modifié », a-t-elle soutenu.

« C'est une situation intenable, a-t-elle dit. Toutes mes pensées vont à cette victime qui, toute sa vie, a gardé ça et, selon ce qui est dit, vit encore des séquelles de ce geste pédophile totalement insoutenable. »