Bollywood débarque cette semaine en Floride pour la remise de ses prestigieux prix du cinéma indien, qui se déroule pour la toute première fois aux États-Unis, devenus discrètement mais sûrement le premier marché étranger de cette industrie prolifique.

L'Académie internationale du film indien lance dès mercredi et durant quatre jours une farandole de festivités à Tampa, en Floride, qui se clôtureront samedi avec la cérémonie de remise des prix aux meilleurs films indiens distribués mondialement. L'événement devrait attirer tout le gratin de Bollywood, nom donné à La Mecque du cinéma indien, ainsi que l'une des légendes de Hollywood, John Travolta.

Si Bollywood est connu pour ses extravagantes danses et chansons hautes en couleur, son expansion aux États-Unis s'est faite beaucoup plus discrètement.

Les films indiens sont de plus en plus diffusés dans les salles de cinéma traditionnelles aux États-Unis, qui ont détrôné ces dernières années le Royaume-Uni pour devenir le premier marché à l'étranger de Bollywood. Une tendance qui a été largement portée par l'importante communauté indo-américaine, forte de trois millions de personnes, et la facilité grandissante de distribuer des films avec le format numérique.

Dhoom 3, dernier épisode d'une série-thriller, nommé pour le prix du meilleur film à Tampa, a ainsi décroché des records d'audience aux États-Unis pour un film indien depuis sa sortie l'an dernier.

Le film, qui se déroule en grande partie, à Chicago, a amassé plus de huit millions de dollars de recettes aux États-Unis et au Canada, soit presque autant que «Before Midnight», la suite du film à succès américain «Before Sunrise».

La croissance du cinéma indien est toutefois restée discrète aux États-Unis, dont le box-office, de loin le plus gros de la planète, reste essentiellement dominé par des films américains. L'Inde a quant à elle la production de films la plus prolifique de la planète, avec 1100 productions par an.

Pour Gitesh Pandya, consultant des studios Bollywood basé aux États-Unis, le cinéma indien a l'avantage de disposer d'un public très fidèle d'Indo-Américains, qui sont la plupart du temps éduqués et n'ont pas besoin de campagnes promotionnelles coûteuses pour être convaincus d'aller voir ces films.

Quelque chose d'universel

Ainsi, des films indiens qui, il y a encore cinq ans, auraient démarré dans à peine 80 ou 85 salles aux États-Unis, sortent à présent dans plus de 200 cinémas, y compris dans les petites villes, note Gitesh Pandya.

«C'est une croissance incroyable. Des cinémas qui il y a cinq ans n'auraient jamais pensé diffuser ce genre de films, sont désormais soucieux d'obtenir le dernier film de Shah Rukh Khan ou Aamir Khan», souligne le consultant, en référence à deux stars de Bollywood.

Malgré cette croissance fulgurante, le cinéma de Bollywood n'a jamais réussi à percer complètement au sein du public traditionnel américain, et la remise de ses récompenses annuelles - qui se tient toujours hors d'Inde pour montrer les ambitions internationales de cette industrie - reste toujours quelque peu à l'écart.

Afin de toucher une audience nouvelle, l'Académie internationale du film indien démarrera ses quatre jours de festivités à Tampa mercredi avec une fête ouverte à tous, dans un parc, afin de faire découvrir au public américain la culture et le cinéma indiens.

L'actrice indienne Vidya Balan, qui sera présente à Tampa, était l'année dernière membre du jury du Festival de Cannes. Elle explique à l'AFP avoir partagé des DVD de films indiens avec d'autres membres du jury (comprenant notamment des réalisateurs comme Steven Spielberg ou Ang Lee) qui ont, selon elle, vite compris que le cinéma indien avait plus à offrir que le cliché des danses hautes en couleur.

«Les gens prennent petit à petit conscience qu'il y a quelque chose d'universel dans les films indiens», estime-t-elle.